mardi 21 septembre 2010

Rebecca - Hitchcock (1940)


COUP DE COEUR DE PERSEPHONE

Mrs. Edythe Van Hopper, respectable veuve déjà âgée, accompagnée de sa jeune demoiselle de compagnie, est en villégiature à Monte-Carlo dans l'hôtel Côte-d'Azur, lorsque leur chemin croise celui de Maxim de Winter, riche veuf, qui n'a aucun mal à séduire la jeune fille et, dans la foulée, à l'épouser et l'emmener dans sa demeure ancestrale de Manderley, quelque part sur la côte sud-est de l'Angleterre. Les premiers contacts avec le personnel du château, régenté par la peu amène gouvernante Mrs. Danvers, sont glaciaux. Cette dernière, en effet, attachée depuis toujours au service de la précédente Mrs. de Winter, Rebecca, et lui vouant une passion sans limite, même à titre posthume, n'accepte pas l'intrusion de l'« usurpatrice ».Le souvenir de l'épouse disparue et vénérée continue de hanter le château sombre.
CASTING
Laurence Olivier: Maxim de Winter (George Fortescue Maximilien de Winter)
Joan Fontaine : la nouvelle Mrs. de Winter
Judith Anderson : Mrs. Danvers (la gouvernante)
George Sanders : Jack Favell (le cousin de Rebecca)
Nigel Bruce: le major Giles Lacy
Gladys Cooper : Beatrice Lacy
Reginald Denny: Frank Crawley
C. Aubrey Smith : Colonel Julyan
Melville Cooper: le coroner
Florence Bates : Mrs. Edythe Van Hopper
Leonard Carey : Ben
Leo G. Carroll : Dr. Baker
Edward Fielding : Frith
Lumsden Hare : Tabbs

Hitchcock était un maître. Qui mieux que lui aurait pu adapter ce merveilleux roman de Daphnée du Maurier, Rebecca? La finesse de l'interprétation, l'ambiance tendue et l'étude minutieuse de la lumière donne toute sa majesté et son atmosphère à ce chef d'oeuvre de la littérature anglo-saxonne.
Le choix de l'actrice principale Joan Fontaine, choix méticuleusement réfléchi, est une grande réussite. Sa fragilité apparente, sa douceur et sa naïveté en font une héroïne idéale. Peu sûre d'elle, se sentant en décalage par rapport à sa nouvelle position, la jeune Mrs de Winter apprend à se forger une personnalité. Ses efforts désespérants pour remplacer Rebecca dans l'esprit de Max la ronge petit à petit, jusqu'à ce fameux bal costumé. Max de Winter quand à lui est d'une incroyable sobriété, tantôt joyeux et de bonne humeur, tantôt renfermé et méprisant, il dégage une forte aura de mystère. Même si je n'imaginais pas du tout Laurence Olivier dans ce rôle, il a su le tenir et donner une belle interprétation de Max de Winter.
Judith Anderson, qui signait là une première participation au 7ème art (c'était une actrice de théâtre accomplie) offre au spectateur une Mrs Danver rigide et proprement "flippante". La scène après le fiasco du bal, dans la chambre de Rebecca et sa tentative malsaine de pousser Mrs de Winter au suicide est tout simplement magistrale. Convaincante à souhait, le spectateur parait au bord du gouffre et reste suspendu à la décision de Joan Fontaine.
Le travail de la lumière est remarquable dans cette adapatation. Toujours mise en valeur, Joan Fontaine semble rayonner de l'intérieur tandis que les personnages autour d'elle ont l'air plus fade. La blancheur de sa peau soulignée par un éclairage très pur la désigne comme l'héroïne à la seconde où elle apparait à l'écran. Ce jeu technique, renforcé à mesure que se renforce le personnage central, joue constamment entre ombre et lumière et met en valeur les nuances d'actions et de caractère.
Même si je regrette les flash-back avec Rebecca (j'ai toujours voulu voir à quoi elle pouvait ressembler) et le rythme du film trop soutenu à mon goût (ce qui est plutôt à mettre en parallèle avec l'époque et les techniques de mise en scène et de réalisation), Rebecca est une formidable introduction au monde d'Hitchcock. Réunissant tous les éléments qui en ont fait sa gloire, ce chef d'oeuvre du 7ème art rend hommage au Maître et à Lady Daphnée du Maurier. Bien que réalisé en 1940, le film ne perd rien de sa fraicheur et l'ambiance angoissante voulue par Hitchcock reste intact. Le décalage entre l'ancienne et la nouvelle vie de Mrs de Winter est le plus flagrant et le plus émouvant lorsqu'ils regardent avec Max de Winter leur vidéo de lune de miel. Le Max de l'écran (dans l'écran) amoureux et joyeux contraste de façon très nette avec celui assis à côté d'elle.
Une histoire d'amour, de jalousie, de vengeance à lire et à voir.

mercredi 15 septembre 2010

Girl with a pearl earring (2003)



COUP DE COEUR DE PERSEPHONE


Delft, au XVIIe siècle l'âge d'or de la peinture hollandaise. Pour aider ses parents dans la misère, la jeune et ravissante Griet se fait engager comme servante dans la maison du peintre Johannes Vermeer. Elle s'y occupe du ménage et des six enfants du maître. La famille Vermeer vit des difficultés économiques mais ne veut pas que cela se sache. Peu à peu, la maîtresse de maison développe envers Griet une terrible jalousie. Et Cornélia, une des filles, qui déteste Griet, tente de pousser la jeune servante à bout. Griet doit donc se faire discrète et très obéissante. Les choses se compliquent quand le peintre la remarque et découvre sa sensibilité, sa douceur. Il l'introduit peu à peu dans son univers. À mesure que s'affirme leur intimité, le scandale se propage dans la ville.

CASTING

Scarlett Johansson: Griet
Colin Firth: Johannes Vermeer

Tom Wilkinson: Pieter van Ruijven
Cilliam Murphy: Pieter
Alakina Mann: Cornelia
Judy Parfitt: Maria Thins
Essie Davis: Catharina
Joanna Scanlan: Tanneke
Chris McHallem: le père de Griet
Gabrielle Reidy: la mère de Griet
Geoff Bell: Paul le boucher
Anaïs Nepper: Lisbeth
Mélanie Meyfroid: Aleydis
Anna Popplewell: Maertge
Lola et Charlotte Carpentier : Franciscus

Merveille du 7ème Art, Girl with a Pearl Earring, roman de Tracy Chevalier inspiré du tableau éponyme de Johannes Vermeer est un film magnifiquement orchestré. Servi par un casting magistral (Colin Firth, Tom Wilkinson, Cillian Murphy et Scarlett Johansson), Girl with a pearl earring évoque avec une pudeur mêlée d'érotisme chaste la relation particulière qui unit un peintre - Johannes Vermeer - à sa servante Griet.
Avec une volonté affichée d'économiser les mots, Peter Webber fait entrer ses personnages dans une dynamique complexe ou tout message passe par la gestuelle et les regards.

Le choix de Colin Firth pour interpréter Johannes Vermeer était plus que judicieux. Le charme et le charisme naturel de cet acteur, absolutely british, et son jeu tout en expressions corporelles et faciales - on se souvient de son incroyable prestation dans Pride and Prejudice de 1995- donne une profondeur intense à l'artiste peintre. Artiste complexe, il balance sans cesse entre le monde réel, ses obligations familiales et financières, et son monde artistique rempli de camera obscura et de bleu de prusse.

Scarlett Johansson, elle aussi économe en parole, montre par ses regards plus d'intelligence 
et de bon sens que sa condition le laisse supposer. Et c'est justement parce que la trop ravissante Griet, comprend son mari que Catharina Vermeer la hait avec autant de force. Si Vermeer n'entame jamais de liaison avec Griet, leur entente mutuel sur la peinture les rapproches plus que des relations de couple et 6 enfants non pu le faire avec sa femme. Le portrait de Griet que Catharina qualifie d'obscène montre bien toute sa prise de conscience, cette intimité qu'elle ne partagera jamais avec son mari.

Profond sur les sentiments humains, c'est aussi une fresque sur les pays-bas du XVIIe siècle, le monde cruel de la peinture et du mécénat. Vermeer obligé de peindre pour Pieter Van Ruijven, obliger de supporter sa concupiscence - je parle ici du personnage du film - et les sujets qui lui plaisent, n'a finalement qu'une marge très étroite pour exprimer sa création. C'est justement cela qu'il trouve en Griet, une muse. C'est à travers elle qu'il s'exprime enfin librement.

Erotique aussi, car l'amour est palpable entre Griet et Vermeer, même si c'est un amour jamais exprimé, trop unique pour être dit. Cillian Murphy - Pieter - sert malgré tout de dérivatif, si Griet aime Vermeer c'est vers Pieter qu'elle se tourne, choix plus en adéquation avec son monde et ses attentes. Vermeer reste dans le domaine de l'intouchable et de l'interdit.

La tension érotique atteint sublimement et subtilement son paroxysme dans la scène du percement de l'oreille de Griet. La tendresse de Vermeer, sa façon de pencher la tête vers Griet comme pour la consoler - cf. affiche - souligne le lien quasi charnel qui les unit.


La musique d'Alexandre Desplats toute en finesse souligne les différentes phases du film, de l'ambiance tendre et intime, à celle plus sombre des mauvais jours.

mercredi 1 septembre 2010

Les travaux d'Hercule - Agatha Christie

Recueil de 12 nouvelles publiées en 1947, elles racontent le défis personnel que s'est lancé le petit détective belge: réaliser comme son homologue grec 12 travaux.
Courts récits, ils sont souvent très drôles, légers et mettent en valeur les petites cellules grises d'Hercule Poirot.

Le lion de Némée:

Article en construction

La mort dans les nuages -Agatha Christie

Comment lancer un dard empoisonné ? Avec une sarbacane, évidemment, comme le font les Indiens d'Amérique du Sud. Mais, si l'on n'a pas de sarbacane sous la main, n'importe quel tube fera l'affaire. Une flûte par exemple. Ou un fume-cigarette, s'il est assez long. Et même une pipe kurde en terre cuite... pourquoi pas ? Oui, un tuyau quelconque conviendrait... Voilà qui est bien ennuyeux... Parce que, dans ce cas, tous les passagers sont suspects. N'importe qui dans l'avion peut s'être débarrassé de Mme Giselle de cette façon si particulière. Quelle drôle d'idée, tout de même ! Il y a tant d'autres moyens plus discrets de tuer quelqu'un !

Un Hercule Poirot comme on les aime. Mais qui a osé tuer Mme Gisèle sous les yeux d'Hercule Poirot? Est-ce les deux archéologues français les Dupont? Les deux aristocrates anglaises qui ne peuvent pas se souffrir mais qui le font pour les convenances? Est-ce l'auteur de romans policiers, la jeune Mlle Grey, le séduisant dentiste?
Entre la France et l'Angleterre, Hercule Poirot et Miss Grey vont de découverte en découverte. Si le meurtrier croit pouvoir s'en sortir à plusieurs reprise "papa" Poirot veille au grain.

Dans ce roman j'ai vraiment apprécié le traitement du personnage d'Hercule Poirot. Moins pédant que d'habitude, il se montre - comme toujours - très protecteur envers la jeune Miss Grey. C'est un Hercule Poirot un peu papa gâteau que l'on découvre.

Les éléments qui ont fait le succès d'Agatha Christie sont toujours là!

Le tailleur de pierre - Camilla Läckberg

"La dernière nasse était particulièrement lourde et il cala son pied sur le plat-bord pour la dégager sans se déséquilibrer. Lentement il la sentit céder et il espérait ne pas l'avoir esquintée. Il jeta un coup d'oeil par-dessus bord mais ce qu'il vit n'était pas le casier. C'était une main blanche qui fendit la surface agitée de l'eau et sembla montrer le ciel l'espace d'un instant. Son premier réflexe fut de lâcher la corde et de laisser cette chose disparaître dans les profondeurs... " Un pêcheur de Fjâllbacka trouve une petite fille noyée. Bientôt, on constate que Sara, sept ans, a de l'eau douce savonneuse dans les poumons. Quelqu'un l'a donc tuée avant de la jeter à la mer. Mais qui peut vouloir du mal à une petite fille ? Alors qu'Erica vient de mettre leur bébé au monde et qu'il est bouleversé d'être papa, Patrik Hedstrôm mène l'enquête sur cette horrible affaire. Car sous les apparences tranquilles, Fjâllbacka dissimule de sordides relations humaines - querelles de voisinage, conflits familiaux, pratiques pédophiles - dont les origines peuvent remonter jusqu'aux années 1920. Quant aux coupables, ils pourraient même avoir quitté la ville depuis longtemps. Mais lui vouer une haine éternelle.

Dans ce troisième opus, Camilla Läckberg nous fait suivre deux récits parallèles. Celui de l'assassinat de cette petite fille et celui de la vie d'une jeune fille de la haute bourgeoisie suédoise des années 20.
Si la cohérence entre ces deux récits est sous-jacente mais jamais claire et bien défini, on ne trouve le lien entre les deux récits que très tardivement, presque au même moment que Patrick Hedström.
Une réflexion intéressante sur les haines familiales, sociales, et comment nos propres obsessions peuvent avoir des répercussions bien au-dela de nous même.

Camilla Läckberg ne se concentre jamais que sur l'intrigue policière mais s'attache à dépeindre la Suède contemporaine qu'elle connait, loin de Stockholm. Erika découvre une nouvelle vie, sa vie de mère qui s'avère plus compliquée qu'elle ne l'aurait cru. De relations tendues en petits bonheurs, Erika Flack se réinvente. Patrick aussi est chamboulé par l'arrivé de leur bébé et il ne sait pas toujours bien géré des situations tendues entre sa compagne et sa mère.
La soeur d'Erika s'enfonce de plus en plus jusqu'au point de non retour. Cette facette de la Suède est intéressante car pas aussi noire qu'un passage de Millenium, mais effrayante tout de même par le sentiment de réalité qu'elle dégage.

La fin inattendue entraîne le lecteur a désirer impatiemment la suite L'oiseau de mauvais augure.