mercredi 4 avril 2012

Call the Midwife - Jennifer Worth


COUP DE COEUR DE PERSEPHONE

Dans son récit autobiographique, Jennifer Lee devenue Jennifer Worth nous raconte son expérience à Nonnatus House, un couvent dans l'East End de Londres des années 50. Mais le récit de Jenny Lee est particulier car si elle vit dans un couvent, elle n'est pas religieuse mais sage-femme et les soeurs le sont aussi. Son parcours dans les quartiers pauvres de Londres au milieu de ses femmes exceptionnelles vous attend.

J'ai découvert Call the Midwife par la série du même nom de la BBC qui a été un vrai coup de coeur. Du coup j'étais très curieuse de découvrir le livre dont la série était inspirée et j'ai lâchement craqué lorsque je suis allée à Londres début mars, j'ai acheté le premier tome.

Comme la série, ce livre a été un coup de coeur car j'y ai retrouvé presque tout ce que j'avais aimé en premier lieu: les personnages, l'ambiance, le contexte. S'il s'agit d'un récit autobiographique, il se lit comme un roman car bien qu'il n'y ait pas de trame soutenue sur l'ensemble de l'ouvrage, on en arrive parfois à ce demander si tout ce qu'on lit est vrai.
Le livre est divisé en une succession de petits chapitres. La plupart du temps ils se suffisent à eux même mais de temps en temps une même histoire est racontée sur 2 ou 3 chapitres. Cette division était intelligente car nous n'avons pas un récit monotone et linéaire. Il y a une vraie volonté d'introduire le lecteur dans ce monde particulier.

En effet, nous sommes à la fois dans le monde des sage-femmes qui est loin d'être le domaine médical le plus connu et puis nous pénétrons également dans le monde "cockney" des années 50. Jennifer Worth par des histoires simples, des observations et comparaisons apporte à la fois un éclairage pertinent sur ce monde des sage-femmes (si primordial) ainsi qu'une étonnante étude sociologique de l'Angleterre pauvre des années 50.
J'ai été bluffée d'apprendre qu'à Nonnatus House on pouvait mettre au monde entre 80 et 100 bébés par mois (ce qui est proprement hallucinant, cela fait une moyenne de 3 par jours...) en 1950 alors qu'en 1963 à cause de l'arrivée de la pilule en Angleterre, elles ne mettaient plus au monde que 3 à 5 bébés par mois! Quels changements observés. De la même façon, Jennifer Worth a suivi la vie de ces gens, ces cockney dockers et pauvres de Londres. Elle nous apprend par exemple que s'il était normal de faire des blagues scatologiques, la vulgarité s'arrêtait là et il était très mal vu de faire des blagues à caractère sexuel. De même, les filles étaient particulièrement protégées et leur vertu comptait autant que celle des quartiers chics.
J'ai beaucoup apprécié le rendu cockney de la langue, c'était une façon intelligente de nous plonger dans la vie de Poplar. Un appendice consacré à la langue cockney et un lexique technique sur le métier de sage-femme sont également présents et admirablement utile!

Jennifer Worth a décidé d'écrire sa série de livre après avoir appris qu'il n'existait aucun récit sur les sages-femmes en langue anglaise. Elle y remédie avec intelligence et honnêteté, n'hésitant pas à montrer ses propres fautes et défauts.

Contrairement à la série, chacune des histoires racontées ici lui est personnellement arrivée (la série change de personnage). De ce fait les personnages secondaires sont beaucoup moins présents (mis à part les soeurs et notamment Sister Julienne et Cynthia). C'est peut-être ma seule déception (due à la série): Chummy a un chapitre pour elle et fait quelques apparitions mais très peu par rapport au personnage que j'ai vu dans la série.

Certaines histoires m'ont beaucoup plu et bouleversé: Eclampsia, a breech delivery, Len & Concita Warrens (!!!!), Mary, Of mixed descent (I, II et III) pour ne citer qu'elles (il faudrait bien sûr rajouter Chummy et bicycle). Ces histoires là sont reproduites dans la série qui laisse finalement très peu d'histoire de côté et qui en mélange parfois certaines pour donner un épisode plus étoffé mais au final fidèle à l'oeuvre originale.
Le style de Jennifer Worth s'avère en revanche assez froid et technique à l'image du personnage principal et finalement je ne me suis pas attachée à Jennifer, même si elle revient avec lucidité sur la jeune fille qu'elle était et c'est appréciable.

Pour l'ambiance du livre je vous renvoie à la série car celle-ci a su capter l'essence même du livre et les personnages sont tous admirablement retranscris. Aucune surprise là dessus j'avais l'impression de les connaître avant d'ouvrir le livre.
On pourrait dire encore beaucoup sur ce livre qui est pluriel: récit autobiographique, biographique, sociologique, médical, histoire d'amour et de haine, Call the Midwife dépeint avec délicatesse ce monde des dockers londonien.

Call the Midwife est suivi par Shadows of the workhouse, et Farewell to the East End.

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