mercredi 4 décembre 2013

Planète Hurlante (1995)



COUP DE COEUR DE PERSEPHONE

Résumé: Nous sommes en 2078, sur une petite colonie minière de la planète Sirius 6B. Depuis dix ans, la guerre fait rage entre le N.B.E., Nouveau Bloc Economique, et l’Alliance des mineurs qui s’est constituée après que des radiations ont été détectées dans les mines de bérynium. Dix ans que le N.B.E., en représailles contre la révolte des mineurs, a largué ses bombes atomiques sur la population. Entre l’Alliance et le N.B.E., c’est maintenant le statu quo depuis deux ans grâce aux screamers, petites entités robotisées qui font rempart entre l'Alliance et le N.B.E. 

CASTING

Peter Weller .............................................. Hendricksson
Roy Dupuis ............................................... Becker
Jennifer Rubin ........................................... Jessica
Andy Lauer ............................................... Ace Jefferson
Charles Edwin Powell ............................... Ross
Ron White ................................................. Elbarak
Michael Caloz ........................................... David
Liliana Komorowska ................................. Landowska
Leone ......................................................... Jason Cavalier
Le secrétaire Green .................................... Bruce Boa


Il nous arrive de croiser parfois des O.V.N.I au cinéma et c'est exactement l'impression que j'ai eu après avoir vu Planète Hurlante. C'est grâce à ma petite sœur Frankie qui m'a dit en sautillant "il est vraiment super bien, il faut que tu le vois" que j'ai eu la chance de découvrir cette adaptation d'une nouvelle de Philip K. Dick que je ne connaissais absolument pas. Après deux tentatives et un détour par Gravity et Bon baisers de Bruges, j'ai enfin cédé et décidé de voir ce film canado-américano-japonais à très petit budget et sorti en 1995 (au passage admirez l’éclectisme dont j'ai fait preuve ce week end là, je suis fière de moi pour le coup).
Ce que je peux dire d'emblée c'est que je ne le regrette absolument pas. Si je ne le conseillerai pas à tout le monde, il faut à mon avis être fan à la fois de l'univers très particulier de Philip K. Dick et aussi beaucoup aimer le genre de la SF pour profiter pleinement ce film, je le trouve excellent à bien des égards. Ce n'est pas un gros film, c'est une donnée qu'il faut sans cesse garder à l'esprit et qui est à mon avis essentiel pour l'apprécier. 

Tourné en 1995 avec un tout petit budget, Planète hurlante reste à mon avis un excellent film de science-fiction. Le réalisateur se concentre d'avantage sur les personnages et son histoire que sur les décors et la surenchère d'effets spéciaux attendus normalement dans un film de SF. C'est là, à mon avis, que le film fait véritablement preuve d'intelligence. En choisissant des décors quasi-naturels, un désert, une caserne et un immeuble en construction qui tient lieux de décor à une base souterraine, le film ne tombe jamais dans les travers d'un cinéma cheap qui voudrait imiter les plus grands sans en avoir les moyens. Planète hurlante possède très peu d'effets spéciaux et les screamers eux-même sont en fait des machines mécaniques loin d'être ridicules. Si l'ensemble a vieilli, incontestablement et c'est d'ailleurs ce qui menace en premier lieu les films de SF, il est toujours regardable aujourd'hui grâce à son esthétique sobre. A titre de comparaison, Dune de David Lynch fait mal à la rétine et Total Recall (avec Terminator, soyons exact) a pris un bon coup de vieux, alors que Planète hurlante est parfaitement appréciable d'un point de vue purement visuel.

Le réalisateur a conservé une esthétique cyberpunk (je vous renvoie à ma thématique SF pour ceux qui ne connaissent pas le terme), propre aux écrits de Dick, c'est très net sur la base des N.B.E, sans pour autant surcharger le trait. A croire qu'il sentait que cet esthétique particulière finirait par disparaitre et handicaper le film. Les amateurs de Dick reconnaîtront donc sans aucun soucis son univers sans que jamais ce ne soit un problème pour ceux qui ne connaitraient pas l'auteur et son style.

A côté de la réalisation juste et équilibrée, on trouve un scénario fouillé et cohérent. Les screamers, petits objets mécaniques inventés par l'homme mais qui se reproduisent d'eux-même, assurent la sécurité de la base de l'Alliance, dont les membres sont protégés par des puces identifiées par les screamers. L'histoire débute au milieu d'un conflit entre l'Alliance et le N.B.E. Sur une base oubliée de tous, un commandant reçoit un message de paix et décide de se rendre à la réunion organisée dans le camps adverse. Nous suivons donc son voyage jusqu'à la base ennemie et le problème que pose les screamers devient de plus en plus visible au fur et à mesure qu'Hendricksson s'approche du camps des N.B.E.

Je ne peux pas m'empêcher de penser que les créateurs de Battlestar galactica ont lu la nouvelle de Dick, Nouveau modèle publiée en 1953 et s'en sont inspirés pour les thématiques développées dans leur série. En effet dans Planète hurlante tout comme dans Battlestar, l'ennemi est ici des robots, à l'origine conçus par l'homme et qui ont depuis appris à se développer seuls. Il y a plusieurs modèles de ces screamers: les petits robots à tranchoir, un modèle numéro 2 que je vous laisse découvrir (pour ne pas spoiler) et un troisième modèle qui a pris forme humaine. Tient, tient...comme c'est étrange...

On retrouve ici une thématique abordée déjà plusieurs fois par Dick, dans Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques? connu sous le nom de Blade Runner, à savoir: qui sont les humains? Qu'est-ce qui fait de nous un être humain? Un vrai questionnement sur les émotions et les sentiments, ce qui distingue finalement l'ennemi de l'ami.
L'essentiel de la tension dramatique tient donc ici dans le fait que tout personnage est potentiellement un robot "ennemi", encore que cette notion d'ennemi peut être revue et corrigée, ce qui fait, de fait, la richesse de l'univers et de la réflexion de Dick. Un peu comme dans Notre-Dame de Paris où la morale incite le lecteur à penser que "n'est pas forcément le monstre celui qu'on croit", en référence à l'apparence hideuse de Quasimodo opposée à la noirceur de l'âme de Frodo, ici, la frontière entre le robot et l'humain est parfois très mince.

Cette thématique est bien développée et connait des pics dans l'angoisse et les rebondissements tout au long du film. Les personnages sont sans cesse remis en question et il est difficile de deviner la fin de l'intrigue.


Si le film recontextualise la nouvelle, celle-ci se passe en Normandie pendant la guerre froide entre Américains et Russes, l'essence du texte est la même et est parfaitement maintenue jusqu'au dénouement final. Hendricksson est un personnage attachant qui échappe à de nombreux clichés du "militaire" que l'on peut croiser en SF. Il sait à la fois diriger mais aussi faire preuve d'émotions et d'humanité lorsque la situation l'exige et se montre censé par rapport aux différents évènements qu'il vit. Cela le rend très vite attachant et il se crée rapidement un lien entre Hendricksson et le spectateur. Bien joué, on suit sa progression avec plaisir. Un second point que j'ai apprécié, c'est que les différentes réflexions apportées par le film sont amenés par des personnages tiers comme le pilote avec qui voyage Hendricksson. Même s'il est souvent borderline, il n'est néanmoins jamais un sidekick classique et facile, il apporte de temps en temps au personnage principal un autre angle de vu bienvenu. Cela contribue à une meilleure définition du personnage d'Hendricksson. Jamais parfait, il est aussi le fruit de sa société et il est normal que telle ou telle réflexion ne fasse pas partie de son mode de pensée, tout en restant soulignée par ailleurs pour le spectateur. 

Planète hurlante est pour moi un très bon film de SF, à la fois parce qu'il porte à l'écran un univers qui lui est propre mais aussi parce qu'il amène une vraie réflexion, loin d'être creuse. Rien n'est jamais gratuit que ce soit l'exploitation d'une planète et ses effets, les conditions de vie des populations, les batailles politiques entre deux factions ou encore la notion même d'humanité et d'ennemi qui sont exposés ici, Planète hurlante n'est pas qu'un divertissement. Sa facture simple et minimaliste permet également de maintenir ce fond à flot et de ne jamais le noyer sous la forme pure du cyberpunk de Dick.


Seul défaut à mes yeux, un certain déséquilibre dans l'histoire dans le fait que la mutation des screamers et leur importance n'est pas assez mise en avant ou appuyée dans la première partie du film. J'aurai préféré une répartition 1/4-3/4 sur la question des screamers au lieu d'une première partie qui nous laisse finalement un peu trop dans l'expectative d'un conflit politique Alliance vs. N.B.E. Cela aurait aussi permis à mon goût de poursuivre plus avant la pensée de Dick sur ce qui fait l'humanité, comme le fait finalement Battlestar Galactica. C'est dommage parce que je pense que le film avait le potentiel pour le réaliser.

Cela dit, il s'agit d'un défaut mineur. Planète hurlante atteint son but, sans prétention mais avec au coeur une étonnante véracité. Un petit film de SF tout simple mais très intéressant à découvrir. Je vous le recommande chaudement, il ne fait pas honte à Blade Runner, Total Recall ou Minority Report.

4 commentaires:

Sandrine a dit…

Oooooh Je l'ai vu il y a .... pffff longtemps!!! Je me souviens absolument pas du film... je ne me souviens que de Roy Dupuis (et ouais :p)

Va falloir que je me le re-regarde :) (encore que revoir le fantasme de son adolescence est-il vraiment une bonne idée? :D)

Perséphone a dit…

Ah je comprends ton dilemme! Pas simple.... ;)

trillian a dit…

ah tiens je me souviens d'avoir énormément eut envie de le voir à sa sortie dans les salles, et comme à l'époque je ne pouvais pas voir autant de film qu'aujourd'hui je l'avais raté, me demandant toujours si j'avais raté quelque chose...apparemment c'est le cas! j'essaierais bien de le voir, en espérant peut être une diffusion télé un jour?

Perséphone a dit…

Oui j'ai vraiment aimé après pour une diffusion TV on peut toujours rêver je crois!

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