jeudi 27 février 2014

La belle et la bête - Gans (2014)


Résumé (pour ceux qui vivraient dans des grottes/bois/ruines sans livre): Un riche marchand se trouvant ruiné, décide de déménager avec ses trois garçons et ses trois filles, à la campagne. Un jour, recevant de bonnes nouvelles de la ville et se croyant de nouveau riche, il promet à ses enfants de leur ramener des cadeaux. Belle, la plus jeune demande alors qu'il lui ramène une simple rose. Malheureusement, les bonnes nouvelles tournent court et le père doit rentrer chez lui. En chemin il s'égare, tombe dans un château enchanté et est couvert d'or par son généreux protecteur mais outrepassant l'hospitalité de son hôte, il se voit lié à échanger une vie contre la rose qu'il a prise. Belle décide donc de prendre la place de son père. 

CASTING

La bête / Le Prince ................................................ Vincent Cassel
Belle ...................................................................... Léa Seydoux
Le père .................................................................. André Dussollier

Perducas ................................................................ Eduardo Noriega
Astrid .................................................................... Myriam Charleins
Clothilde ............................................................... Sara Giraudeau
Anne ...................................................................... Audrey Lamy
Jean-Baptiste ......................................................... Jonathan Demurger
Maxime ................................................................. Nicolas Gob
Tristan ................................................................... Louka Meliava
La princesse .......................................................... Yvonne Catterfeld



De tout temps la Belle et la bête a été, et reste, mon conte préféré. Je connais toutes les versions depuis l'antiquité grecque et le mythe d'Eros et Psyché jusqu'aux réécritures modernes. J'ai bien sûr vu, entre autre, la version de Cocteau, que j'adore, et celle de Disney, que j'aime tout autant pour d'autres raisons.  Il se trouve aussi que j'aime Christophe Gans, notamment pour son superbe Pacte des loups, un film travaillé tant au niveau esthétique que du scénario, avec une bonne brochette d'acteurs qui savent ce qu'ils font. 

Les deux ensembles, c'était presque un gage de qualité. Même si je ne suis pas une grande fan de Léa Seydoux, on va dire que ça dépend des films, Vincent Cassel en bête, je ne pouvais pas vraiment manquer ça. Oui je suis faible et j'ai depuis toujours une faiblesse pour Vincent Cassel, l'érotisme qu'il dégage et sa voix qui me ferait faire n'importe quoi. Chic, chic, chic donc?

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On est d'accord

Non pas trop en fait. Je suis d'autant plus déçue que le film ne manque pas de bonnes idées mais qui ne sont jamais totalement exploitées. J'aurais eu moins de mal à lui pardonner si au moins un élément dans le film semblait abouti, ce qui n'est même pas le cas. Malheureusement, la technique ne comble  pas les lacunes et les failles de la narration, au contraire, les deux entraînent irrémédiablement le spectateur à comtempler une œuvre inachevée et froide. 

Je dois admettre en revanche qu'on ne peut pas reprocher à Christophe Gans d'avoir travaillé son univers. On sent très bien un lourd travail de recherche tant dans les décors, les costumes ou l'atmosphère. C'est indéniable. De la même façon on sent un lien très net avec Le pacte des loups, que je ne peux que vous conseiller. On retrouve le même travail sur l'esthétique, le jeu des couleurs sur les robes de Marianne (Émilie Dequenne) ou de Belle, la façon de filmer les acteurs et notamment les actrices, ce jeu de lumières et sur les textures etc. Que ce soit sur les peaux des acteurs et surtout des actrices où sur l'importance de la nature dans ses films, la pluie pour le Gevaudan, la neige pour La belle et la bête, la patte de Christophe Gans est bien là. Seulement, si dans Le pacte des Loups j'appréciais le mélange qu'il créait entre le Gevaudan et les effets spéciaux, ici tout est numérique, trop. Que ce soit la maison de Belle ou le château (et par extension le domaine) de la bête, il n'y a rien de réel dans cet univers, tout, depuis les roses, jusqu'aux pièces du château semble artificiel.

Paye ton ambiance!
Vous me direz "c'est bien mignon mais nous sommes quand même dans un conte de fée, artificiel? Normal". Hum...non. Je ne remets pas en cause la qualité du numérique utilisé, on sent la précision, et l'ensemble est très loin d'être laid comme ce serait le cas de mauvais effets spéciaux ou numériques. Mon problème vient plutôt de l'univers choisi. J'ai eu, tout le long du film, l'impression d'être dans l'imaginaire d'une enfant de huit ans, biberonnée aux Waltz Disney à l'ancienne. Sans aucun doute je suis sûre que j'aurais adoré l'univers de Gans gamine mais je suis plus vieille et ce décors pseudo médiévale-elfique m'a juste écœurée comme un bonbon trop sucré. En fait, je trouve l'ensemble assez "emprunté" à l'ambiance de la série Once up on a Time, le soucis étant que OUAT sonne kitch parce qu'elle ne se prend pas au sérieu. En jouant avec les codes des contes de fée, elle reproduit un univers sucré et féeriquement enfantin mais en s'en foutant royalement, or Gans est affreusement sérieux. Pas de second degré dans son La belle et la Bête.

J'ai eu également un problème avec l'expression de la temporalité dans le film. Puisque nous sommes dans un conte, il m'aurait semblé convaincant de ne pas situer l'action dans le temps. Après tout, il s'agit d'une bulle dans le temps, sanctifiée par les mots "once upon a Time". Seulement ici, j'ai eu l'impression que tout était melangé. Le début fait penser au XIXeme siècle, notamment dans les costumes du père de Belle et de ses frères, les sœurs font plus début XIXeme, les robes de Belle dans le château de la Bête sont connotées XVIIIeme et l'histoire de la bête et de son épouse est bien implanté dans un XVIeme siècle largement fantasmé. Comme pour le reste, j'ai eu l'impression qu'on ne savait pas trop où on allait. J'aurai sans doute préféré une uniformité, histoire de ne pouvoir être perturbée par aucune période historique. 

L'impression globale que j'en retire, est surtout une froideur d'images, un univers de papier glacé qui ne m'a pas convaincu et l'idée générale que Gans ne sait pas à qui s'adresser: aux enfants? Aux adultes? Que ce soit la froideur ou l'incapacité du film à savoir à qui il s'adresse se retrouve d'ailleurs dans la narration elle-même. On bascule complètement d'un film pour enfants à un film pour adulte sans jamais trouver le ton juste, ce qui n'arrange pas les lacunes du scénario. 

Ce qui n'arrange pas le scénario, c'est que le film est joué avec les pieds...par la barbe de Merlin quelle horreur!
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Non sérieux....il n'y avait aucun bon acteur français disponible? Ils ont tous l'air de sortir d'un cours de théâtre pour débutant. Je refuse tout bonnement de parler de Léa Seydoux, qui est une véritable catastrophe ici. Il n'y a que. Vincent Cassel qui a l'air de savoir ce qu'il fait et de ne pas trop s'ennuyer et encore, lorsqu'il joue le prince, parce que lorsqu'il joue la bête...Ceci dit, l'actrice allemande qui interprète la princesse meurt mieux que Marion Cotillard et c'est un vrai soulagement. Au moins si le film passe à l'étranger, nous n'aurons pas honte pour ça. 

Malgré tout, il y a de bonnes idées qui donne quand même de l'espoir, Gans n'avait pas complètement la tête ailleurs. 
Le film s'ouvre sur le conte lui-même, lu par une maman - dont on ne voit que le bas du visage de profil - à ses deux enfants. C'est assez classique, on sait en quelques secondes où Gans veut en venir mais ce n'est pas vraiment gênant dans la mesure où cela introduit le conte et offre un jeu de miroir sympathique. Après tout, nous n'allons pas voir la belle et la bête pour voir une toute nouvelle histoire dont on ne connaîtrait pas à l'avance le déroulement. Même si Léa Seydoux n'est pas la meilleure conteuse du monde, ça passe plutôt bien. C'est exactement la même chose avec l'histoire de la princesse et du prince. On comprend très vite pourquoi la Princesse est perturbée par l'obsession de son mari pour cette biche dorée mais là encore, je n'ai pas trouvé que cela gênait. En revanche j'ai trouvé un peu plus dérangeant le fait qu'après un mois à la campagne, le potager de Belle soit plein de citrouilles, de salade et d'autres légumes, mon petit doigt me dit qu'il faut un peu plus d'un mois pour faire pousser des citrouilles aussi grosses qu'une tête de statue du château de Versaille. Quand en plus elle rajoute à la traditionnelle demande du paternel "que veux-tu que je te ramène?" "Une rose, je n'ai jamais réussi à en faire pousser ici".

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What? Oui...un mois et elle désespère déjà de faire pousser une rose. Sachant qu'elle fait pousser des citrouilles et que durant une grosse partie du film il neige à énormes flocons, on peut légitimement penser que l'action se passe vers la fin de l'automne début de l'hiver - voire carrément en hiver si on considère les montagnes de neige qu'il y a dans le film: est-ce qu'elle sait que ce n'est pas vraiment la saison? *Facepalm* 

En plus de cette ouverture intéressante, Gans a su réutiliser certains éléments du conte original et les réinterpréter. Les roses sont présentes partout et en quantité même jusqu'à l'écoeurement, notamment en envahissant chaque centimètre carré du château et du jardin de la bête. Le miroir de la bête, censé lui montrer ce qu'il veut voir, est ici utilisé pour montrer à Belle l'histoire du prince/Bête. Ces flash back et la présence des miroirs étaient plutôt bien vu malheureusement - en ce qui concerne la séquence des miroirs, nous reviendrons sur les flash back - l'effet tombe à plat car les scènes se répètent dans le même schéma: Belle courant au ralenti vers le miroir qui bascule/s'inverse etc pour laisser place à la seconde histoire. Ces séquences font penser à des publicités pour du parfum et m'ont instantanément fait sortir du film. 

Le plus gros problème du film reste tout de même l'inconsistance des personnages et le fait que l'on ne croit pas une seule seconde à l'histoire d'amour qui est en train de naître (?) sous nos yeux, mais alors pas-du-tout. 

Ce n'était pas du tout mal vu l'idée de donner de la profondeur au prince en développant son histoire, ici avec sa femme et la biche doré. C'était donner à son récit une nouvelle tournure qui le différencie profondément de ce qui a été fait avant. Sur papier, cela permettait à la fois un joli contraste entre le prince et la bête mais aussi de donner du relief au personnage de la bête tout en restant centré sur le personnage de Belle puisque c'est son point de vue qui dirige la narration.
Oui, sur papier c'était génial sauf que c'est raté et à de nombreux points de vue. 

Tout d'abord dans les flash back où le Prince est mis en scène aux côtés de son épouse, c'est de cette dernière dont on adopte le point de vue, du coup on voit finalement très peu le Prince. L'intrigue de la biche dorée, nymphe des bois faite femme et du père Dieu des bois - un thème très XVIeme siècle qui m'a fait penser à la chanson "La blanche biche" - était intéressante en soit mais elle retire au prince toute la cruauté qu'il est censé posséder. Il n'est pas vraiment égoïste, il chasse une biche - il est d'ailleurs moins cruel que Renaud dans la chanson de la blanche biche - dans ces conditions je vois mal la rédemption qu'il peut y avoir dans sa relation avec Belle. Parce que c'est bien de cela dont il s'agit: un homme, puni pour son comportement qui s'ammende auprès d'une femme qui lui apprend l'amour. Là, il l'avait déjà et il regrette amèrement son erreur. Le personnage n'a aucun relief. En plus, je ne sais pas pourquoi, mais une fois transformé en bête, il a l'air vachement plus petit et honnêtement....il ne fait pas peur. La bête de Gans ressemble à un gros chat.
Dans la photo promotionnelle du film, avant même que l'on ait les premières images, Vincent Cassel posait avec ses vrais traits. J'aurai adoré que Gans conserve cette idée et travaille sur une bête humaine et sur la vraie transformation. Je suis sûre que cela aurait largement mieux fonctionné que l'interprétation qu'il a choisi ici, d'autant plus que niveau bête humaine, Vincent Cassel nous a prouvé dans Le pacte des Loups qu'il était capable d'être excellent. 

Le second problème que l'utilisation des flash back posent, est le fait que la relation Prince/Princesse est finalement plus développée que la relation Belle/Bête qui est, elle, carrément inexistante. Ils se parlent trois fois au diner, pour s'engueuler. En revanche, on sent très bien la tendre et même sensuelle relation qu'entretiennent le Prince et la Princesse, c'est finalement l'Histoire qui m'a le plus intéressée... Cela ne fait que mettre encore plus en avant ce manque dans la relation Belle/Bête. Au moment où Belle apprend pourquoi il a été transformé en bête, donc au moment où l'histoire commence, elle se termine déjà avec l'attaque du château. Christophe Gans a privilégié l'action (course poursuite, bataille) au développement des relations des personnages et c'est un très mauvais calcul car plus encore que l'action, ce qui importe dans la Belle et la Bête c'est comment la Belle, par sa personnalité, sa gentillesse et son amour transforme ce prince corrompu, cette bête, en homme aimant.
Cela donne du coup l'impression assez désagréable que Belle n'agit ici qu'en pâle copie de la Princesse. Ce n'est d'ailleurs pas tellement une impression si l'on regarde les deux actrices: même blondeur - artificielle chez Seydoux qui aurait dû garder sa couleur dorée naturelle qui la rend moins maladive - même boucles. Cela va jusqu'aux plans identiques des deux femmes, se penchant et embrassant leurs chiens. Ça m'a profondément dérangée car non seulement on ne peut pas croire que la Bête l'aime pour elle-même mais pire, les femmes sont remplaçables du moment qu'elles conservent quelques caractéristiques, au choix, blondeur, beauté...
(note: je voulais vous montrer les deux actrices côte à côte mais je n'arrive absolument pas à trouver une image d'Yvonne Catterfeld dans le film...elle passe complètement à la trappe, tout comme les photos de Cassel en prince).

Vous vous en doutez, puisqu'on se demande comment la Belle et la Bête tombent amoureux l'un de l'autre, le film est froid. L'érotisme et la sensualité sont les deux grands absents, ils se sont faits porter pâle. C'est d'autant plus flagrant que les photos promotionnelles du film sont largement plus sexy que le film en soit. Ils ne se touchent pas, la seule amorce de baiser un peu palpitant se finie par la Belle qui s'enfonce dans un lac gelé! Si, si, je vous jure. Cela dit, cela résume assez bien la portée sensuelle du film.  Quant à la scène de transformation, elle est plutôt sobre. Soit. Gans évite une transformation à la Walt Disney qui risquait d'être très laide au final mais comme d'habitude une bonne idée est balayée dans la foulée par un truc absurde. La bête redevient le prince, la caméra prend un peu de hauteur pour voir la Belle se pencher sur la bête endormie qui barbote dans la flotte et...rien. Allez hop, c'est fini au dodo, y a plus rien à voir, moi je vais rouler une pelle au jardinier. La transition m'a brûlé la rétine! Dans le genre, absence total de romantisme et ou de tension amoureuse ça se pose là.

Ouais le petit truc dans le fond,c 'est le jardinier  prince
Toute la symbolique du conte est zappée: pas de découverte de l'autre, de passion, or c'était le propos du récit de Madame de Villeneuve. A l'image de l'esthétique du film, le résultat est froid.

On en vient au point qui fâche vraiment, mais alors, vraiment beaucoup? Vincent FRACKING Cassel. Quand vous choisissez Vincent Cassel, l'acteur qui dégage le plus de testostérone de tout le cinéma français, le type qui vous fusille du regard et qui vous envoute avec la voix la plus sexy de la planète - avec Richard Armitage - c'est que vous voulez donner à votre film du piquant. Non parce que dans Le pacte des loups, il émane de lui quelque chose d'assez bestial, de dérangeant, de brut mais aussi de très attirant - et ne parlons pas du reste de la filmographie de Cassel qui sait tout faire. Pour rappel Vincent c'est ça:

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Je m'excuse pour ce gif misogyne mais franchement...sexy or not sexy?

Et ça:


Et ça:


Et ça:

Et ça:

Et ça:

Bref. Vincent Cassel c'est de l'hormone en furie. On aurait donc pu légitimement supposer avoir une Bête vraiment bestiale, un Prince véritablement naughty...mais non. Rien, que dalle, nada, niente, nothing etc. C'est comme si on prenait Clive Owen - autre grand mâle testotéroné - pour le rouler dans du jambon et basta. Un pur gâchis. Le prince est bien mais peu présent, la bête est lisse et sans personnalité ce qui ruine totalement ce grand acteur. Je reviens à mon idée initiale de la bête humaine ça aurait eu plus de gueule - excuse my French.

On aurait tord de croire que la bête est le seul personnage atteint de platitude extrême. Au contraire, c'est même le plus développé. C'est dire... Tous les personnages sont inconsistants. Pire, ils sont réduits à être des archétypes de personnages de contes: le père gentil mais un peu dépassé, le frère qui dilapide l'argent de la famille, le pseudo-poète, les sœurs frivoles, la belle princesse, le méchant cupide etc. On ne sait pas qui ils sont à la fin du film. Je refuse de parler du méchant, Perducas (non ceci n'est pas une blague), l'acteur est carrément doublé. Je ne vois pas l'intérêt de prendre un acteur étranger pour le doubler, un petit accent serait mieux passé. Astrid ne sert à rien hormis à faire des prédiction catastrophique - non sans blague! Belle est de loin la pire: alors qu'elle est censée être l'héroïne, le spectateur ne parvient pas à la cerner. Elle passe d'une émotion à une autre sans cohérence. Elle est triste puis minaude, elle essaye d'être rebelle puis joue à la pétillante. Elle agace plus qu'elle ne convint. On ne ressent aucune empathie, le spectateur n'est jamais de connivence avec la Belle. On ne croit pas plus à ses saillies qu'à ses angoisses.

J'aimerais finir cette chronique sur la mention des tadums...oui les tadums, la horde de petits chiens de la princesse condammés par le paternel à être...super mignon? Ils ressemblent à des cavaliers King Charles avec des gros yeux. C'est proprement ridicule parce que ça tombe à plat, surtout la mention "ils devinrent les meilleurs amis de Belle". Quoi? Ils passent leur temps à se planquer, elle n'arrive jamais à en choper un et leur seule interaction c'est quand Belle leur fait une blague, cachée derrière un rideau. Youpi c'est l'éclate totale! *Facepalm*

Les Tadums, comme l'esthétique sucrée, l'absence de sensualité, montre que Gans ne sait pas ce qu'il veut faire de ce film. On sent qu'il essaye de ménager la chèvre et le chou, de faire un film familial tout en attirant les adultes mais ça ne fonctionne pas. A jouer sur les deux tableaux, Gans nous propose un conte revisité froid, sans saveur qui n'arrive jamais à parler au spectateur. Une déception.

lundi 24 février 2014

Les douze tribus d'Hattie - Ayana Mathis


COUP DE COEUR DE PERSEPHONE

Présentation de l'éditeur: Gare de Philadelphie, 1923. La jeune Hattie arrive de Géorgie en compagnie de sa mère et de ses sœurs pour fuir le Sud rural et la ségrégation. Aspirant à une vie nouvelle, forte de l'énergie de ses seize ans, Hattie épouse August. Au fil des années, cinq fils, six filles et une petite-fille naîtront de ce mariage. Douze enfants, douze tribus qui égrèneront leur parcours au fil de l’histoire américaine du XXe siècle. Cette famille se dévoile peu à peu à travers l'existence de ces fils et de ces filles marqués chacun à leur manière par le fort tempérament d'Hattie, sa froide combativité et ses secrètes failles.

Je l'avais repéré depuis Noël et sans savoir pourquoi, au départ je ne pensais pas qu'il s'agissait d'une histoire de famille. Une relecture attentive m'appris que "douze tribus" était pour les enfants et petits enfants d'Hattie et les commentaires élogieux que j'avais entendu sur le roman m'incitèrent fort à m'y intéresser d'avantage. Si j'ai mis un peu de temps à le lire, c'est parce qu'il est incroyablement dense et fort. Mon esprit avait besoin de petites pauses afin de mieux digérer les informations que l'auteure dispensait sur sa tribu. 

En ouvrant Les douze tribus d'Hattie, je m'attendais au récit d'une famille sur fond de lutte pour les civil rights movement. C'était procéder là à une déduction rapide qui aurait sûrement fait dresser les cheveux sur la tête de Sherlock Holmes. Comme quoi, j'ai pu accumuler des tas de préjugés sur ce roman avant de le lire. 

J'ai adoré la construction du livre. En effet, pas de récit linéaire ici avec un début, un milieu et une fin. Ayana Mathis se montre bien plus maligne et donne à son roman une tout autre envergure. À chaque chapitre nous avançons dans le temps tout en suivant un ou deux membres différents de la famille: Philadelphia et Jubilee puis Floyd, Six, Ruthie, Ella, Alice et Billups, Franklin, Bell, Cassie et Sala. Je me suis laissée emporter par ces différents chapitres qui n'ont pas toujours de liens entre eux, bien plus facilement que si elle nous avait raconté l'histoire entière de la famille Sheperd de A à Z. Le lecteur doit alors recomposer les destins croisés des personnages, accepter aussi les non-dits et les trous que l'on peut combler de temps en temps au détour d'une page, d'une ligne, d'un mot. J'ai trouvé ça très agréable finalement cette absence de récit suivit. C'était différent et bienvenu.
Des années 1920 avec les jumeaux Philadelphia et Jubilee aux années 60 avec Cassie et Sala, c'est un demi-siècle que balaye cette histoire familiale. Pourtant, s'il s'agit bien d'une histoire de famille, le décor et le contexte ne sont pas réellement importants. Bien que l'on parle du pays de Jim Crow, de la différence entre le Nord et le Sud des États-Unis et de ce qui fait la vie des afro-américains de l'époque, il ne s'agit pas pour Ayana Mathis de dresser une fresque de la condition des noirs dans l'Amérique du milieu du siècle dernier à la façon de Kathryn Stockett dans La couleur des sentiments. Bien entendu, cette Histoire est toujours présente en filigrane mais l'auteure s'attache beaucoup plus à ses personnages qu'à un quelconque contexte historique ce qui rend le roman finalement plus abordable à un plus grand nombre.

J'ai adoré voguer d'un univers à l'autre, passant d'un enfant à un adolescent puis trouver le récit d'un jeune adulte avant de me plonger à nouveau dans l'histoire d'un nouveau né mais plus que tout, c'est le portrait d'Hattie que j'ai adoré. Si l'histoire semble se concentrer sur ses enfants et sa petite fille, il s'agit bien en vérité de brosser le portrait de cette femme exceptionnelle qu'est Hattie Sheperd. Jeune fille brisée par la vie, elle se mue en une femme froide et distante, toujours présente bien que peu aimante en apparence. Chaque enfant, qu'il le veuille ou non, est viscéralement lié à sa mère et c'est bien d'elle dont il est question. Que ce soit pour Floyd et ses errances dans le Sud ou Six et sa foi déviante, Bell et sa haine, Cassie et sa folie, tous à leur façon sont liés à Hattie quand bien même cela leur déplaît. C'est une femme extrêmement courageuse qui nous est décrite. Les enfants en veulent à Hattie, sur sa froideur, sa dureté mais finalement, ils peuvent tour à tour se rendre compte que c'est sa façon à elle d'exprimer son amour. Au-delà des apparences, Hattie éprouve énormément d'amour pour ses enfants, elle essaye toujours d'agir pour leur bien quand bien même eux ne le voit pas ainsi. 
Les histoires de Ruth et d'Ella m'ont bouleversée profondément, elles sont très puissantes. Celle de Cassie et de Bell également. En règle général c'est aussi le portrait d'une génération de femmes perdues qui se dessine entre les lignes d'Ayana Mathis. Si les récits sont bouleversants, il n'y a néanmoins aucune trace de pathos ou de larmes forcées. Les douze tribus d'Hattie n'est jamais tire-larmes, jamais voyeur mais toujours juste.

Si j'ai adoré l'histoire globale des Douze tribus d'Hattie, c'est aussi l'écriture d'Ayana Mathis qui m'a séduite. Légèrement désuète dans son emploi de certaines expressions, je l'ai trouvé très élégante. Travaillée sans que cela ne gêne la lecture - je trouve que parfois une langue trop travaillée rend difficile une lecture fluide - le style de cette auteure m'a entraînée dans son sillage.

À travers de petits moments de vie de chacun de ses enfants, c'est le portrait d'une femme, belle et forte bien que maintes fois éprouvée par la vie que nous offre Ayana Mathis en la personne d'Hattie Sheperd. Un roman fort qui vous tord l'estomac et parvient à vous broyer le cœur sans aucun pathos ni larme futile. Un petit bijou de premier roman et une auteure à suivre. 

dimanche 23 février 2014

Mais qui cela peut-il être à cette heure? - les fausses bonnes questions de Lemony Snicket #1


Présentation de l'éditeur: C'est l'histoire d'une ville, c'est l'histoire d'une fille, c'est l'histoire d'un vol. Je séjournais dans la ville, j'enquêtais sur le vol, j'étais persuadé que la fille n'y était pour rien. J'avais pas loin de treize ans et j'avais faux. Faux sur toute la ligne. J'aurais dû me demander : «Pourquoi aller raconter qu'on vous a volé un truc quand ce truc n'a jamais été à vous en réalité ?» Au lieu de quoi, je me suis posé la mauvaise question - quatre mauvaises questions au bas mot. Ce qui suit est le rapport détaillé de la première.

Vous connaissez tous je pense Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire et ses personnages, Violet, Klaus et Prunille (Sunny pour la VO) qui nous ont entraîné dans leurs folles histoires toutes plus horribles les unes que les autres. Si j'avais été déçue du treizième tome, il me tardait néanmoins de retrouver la plume de "Lemony Snicket". 

Nous voilà donc plongés dans l'adolescence de l'auteur pour cette nouvelle série en 4 volumes Les fausses bonnes questions de Lemony Snicket. C'est un réel délice de retrouver la plume pleine d'humour de Lemony Snicket. Comme dans les Orphelins Baudelaire, nous sommes prévenus à l'avance de ce qui ne va pas aller, des erreurs que vont commettre les personnages - surtout lui - tout en parvenant à conserver une bonne dose de mystère. 
Qui est la personne avec qui Lemony Snicket avait rendez-vous? Quel est son projet secret? Que fait-il à Salencre-sur-mer avec une mentor plus nulle que nulle et pourquoi dire qu'on vous a volé une statuette si elle n'a jamais été à vous en premier lieu? 
Cela fait beaucoup de questions, auxquelles le jeune Lemony Snicket, va devoir répondre et parfois, de travers!

Depuis Londres, le lecteur est traîné dans cette ville imaginaire qu'est Salencre-sur-mer, ville réputée pour son extraction d'encre qui se retrouve dans les stylos plumes. A présent à la dérive, la ville se vide et ses derniers habitants ont des motifs pas toujours très clairs. C'est là que le jeune Lemony va tenter de se débarrasser d'une mentor incompétente, rencontrer une adolescente qui s'entraîne à devenir journaliste, un bibliothécaire peu regardant, une jeune fille à la recherche de son père et plusieurs mystères insondables dont les résolutions nous attendent dans les tomes suivants. 

J'ai été séduite sans hésiter par le style de Lemony Snicket. Toujours enlevé et drôle, il ne prend pas non plus ses lecteurs pour des idiots et son propre personnage est plutôt dégourdi pour ses 13 ans. A côté de ce style joyeux et entraînant, le roman est bourré de références littéraires. Je ne sais pas dans quelle mesure les adolescents qui liront le livre seront capables de les comprendre mais pour les plus vieux, grands ados ou adultes, c'est un véritable régal. 

Un récit drôle, entraînant, intelligent. Ma chronique est courte mais je n'ai pas grand chose d'autre à dire hormis: lisez-le et faites-le lire!

lundi 17 février 2014

Quatre murs - Kéthévane Davrichewy


Présentation de l'éditeur: La maison familiale est trop vaste pour une femme seule. En ce jour de déménagement, les quatre enfants, devenus adultes, s’y retrouvent pour la dernière fois. Leur père est mort. Dans les pièces vides qui résonnent, les propos en apparence anodins se chargent de sous-entendus. Ces quatre-là se connaissent trop pour donner le change, d’autant que leur mère, profitant qu’ils soient pour une fois ensemble sans enfants ni conjoints, soulève la question de l’héritage.

Deux ans plus tard, rien n’est résolu : les frères et sœurs ne se parlent plus guère, et surtout pas de leur passé. Sur l’insistance de leur mère, ils ont pourtant accepté de se retrouver en Grèce, le pays de leur origine, dans la maison où l'aîné vient de s'installer.

Ce voyage est, pour chacun d’entre eux, l’occasion de revenir sur l’ambivalence de leurs relations. Comment en sont-ils arrivés là, eux qui étaient tout les uns pour les autres ?

Lorsque j'ai reçu ce nouveau roman de Kéthévane Davrichewy, il n'était pas encore sorti mais déjà on en parlait partout. Avec ce résumé alléchant, les commentaires sur la prose de l'auteure ou encore ceux sur sa façon très fine de dépeindre les relations familiales compliquées, je pensais que j'allais vraiment aimer ce récit à quatre voix. Pas de chance, l'auteure n'a pas su me séduire. Bien au contraire, le roman et ses personnages ne m'ont pas plu. 

Je suis une grande adepte des histoires de famille, j'aime ça. D'ailleurs Les Douze tribus d'Hattie d'Ayana Mathis que je suis en train de lire est tout à fait dans cet esprit: raconter les déboires d'une famille déconstruite par les événements de la vie. Cependant, j'ai trouvé que Quatre murs n'arrivait jamais à dépasser le discours nombrilistes des enfants, se concentrant exclusivement sur la voix du "moi" au lieu du "nous", sûrement peut-être parce que les protagonistes ne veulent plus d'un "nous". Paradoxalement d'ailleurs, le titre est bien choisi, quatre enfants, quatre murs...mais quelles interactions peut-on avoir avec un mur?
Le roman est découpé en trois parties - sans compter le prologue - chacune s'intéressant à l'un des membres de la fratrie, ou aux jumeaux. Chacun leur tour, alors que nous avançons dans l'intrigue et parcourons avec eux le chemin vers la Grèce, ils évoquent leur enfant, leurs failles, leurs doutes, leurs espoirs déçus et ceux qu'il leur reste encore. 

Entre Saul, adulte complètement blasé qui veut tuer l'un des membres de sa famille pour une raison qui échappe longtemps au lecteur, Hélène que l'on blâme pour tout ce qui leur est arrivé et qui se protège par une épaisse carapace et les jumeaux aux rêves brisés, je n'ai pu me défaire de cette ambiance lourde. Pour dire la vérité j'ai trouvé l'ensemble extrêmement pesant et autocentré, chacun se renvoyant à la tête ce qui leur est arrivé et cela devient vite insupportable. Je n'ai pas senti, du tout, que les protagonistes tentaient de comprendre quoi que ce soit sur leurs vies, leurs malheurs ou pourquoi leurs relations les uns avec les autres devenaient inexistantes. Ils se contentent de ressasser leurs malheurs et ce qu'ils ont raté. 
Le résumé mentionne le deuil, celui du père, celui de leur cousin, l'accident de voiture qui a handicapé la petite dernière mais je n'ai pas ressenti de questionnements communs sur le sujet. Chaque personnage est enfermé dans sa petite bulle et ne semble pas prêt à vouloir réellement communiquer avec les autres. 

Si j'ai compris les épreuves par lesquelles sont passées chacun des membres de la famille, je ne m'explique pas la lourdeur du texte. Après les romans de Maggie O'Farrell, je trouve que celui-ci manque d'envergure. Je n'ai réussi à m'attacher à aucun personnage, sauf peut-être Hélène, la seule qui veuille vraiment se tourner vers l'avenir, un avenir apaisé, sans le venin des autres membres de sa famille, et plus encore, je n'ai pas vraiment réussi à les comprendre. 

En revanche, j'ai apprécié l'écriture de Kéthévane Davrichewy et les jeux de style qu'elle emploie dans ce roman à quatre voix: première personne pour Saul, troisième personne centrée sur Hélène ensuite et enfin une troisième personne neutre, dans ce face-à-face des jumeaux. 

Sans avoir détesté Quatre murs, je ne peux pas dire que j'ai su l'apprécié. Vite lu, vite oublié, je ne retiens finalement pas grand chose de cet affrontement. 

vendredi 14 février 2014

Et si on se mettait à la BD? Episode 7: Quatre sœurs la BD - Malika Ferdjoukh et Cati Baur : tome 1 et 2, Enid et Hortense


Les Quatre sœurs, c'est mon roman jeunesse préféré de l'univers entier, rien que ça. Les Sœurs Verdelaine et la Vill'Hervé je les adore au point que je regrette toujours que Charlie, ma préférée, n'ai pas son tome consacré, rien que pour pouvoir recroiser le beau Valéry. La bande dessinée de Cati Baur et de Malika Ferdjoukh était sortie une première fois chez Delcourt mais je n'avais pas eu l'occasion de la lire. Elle est tout récemment ressortie chez Rue de Sèvres, la maison d'édition BD de l'Ecole des Loisirs qui nous promet cette fois la série complète. Ni une ni deux, j'ai donc pu mettre la main sur les deux premiers tomes disponibles, Enid et Hortense.


Découpées de la même façon que les romans, c'est à dire en quatre volumes, la BD suit pas à pas les livres qu'elle met en scène.

J'ai adoré voir vivre à travers le dessin mes cinq sœurs préférées - quid des sœurs Bennet me direz-vous, je répondrais que des cinq, je n'en aime que deux...Je ne sais pas si je les imaginais véritablement comme ça en lisant le roman mais la BD m'a tout de même convaincue. Les sœurs Verdelaine sont différentes les unes des autres, tant physiquement que psychologiquement et on arrive bien à les distinguer.

Charlie, avec son air de lutin et ses cheveux courts, reste ma préférée et j'adore le look que Cati Baur lui donne, avec ses pull trop grands, sa salopette et son pantalon à bretelles. C'est un style qui me ressemble assez dans ce que j'aime et je me sens donc très proche de l'aînée des Verdelaine. Geneviève à un physique très agréable, elle fait très douce et cela dégage un contraste assez marrant lorsqu'elle fait du baby-sitting pour les jumelles Desroulliere. Bettina est superbe et bénéficie souvent de gros plans très jolis sur ses cheveux roux et ses tâches de rousseurs et même si c'est la sœur que j'aime le moins, je la trouve réellement touchante qu'à partir de la fin du tome 2, la bande dessinée lui rend joliment hommage avec son petit nez en pointe. Hortense se fait très discrète dans le premier tome mais heureusement, la seconde histoire lui est consacrée et c'est un personnage - dans le sens fantasque du terme - qui se révèle aux lecteurs et lectrices. Enid enfin est vraiment drôle parce qu'elle ne se rend pas compte qu'elle est encore un bébé pour ses sœurs et que sa lubie de sauver sa chauve souris Swift en plein orage aurait pu avoir des conséquences terribles. Avec sa jolie bouille et ses barrettes roses, elle apporte de la gaieté dans la Vill'Hervé.

 Présentation de l'éditeur: Orphelines depuis peu, les soeurs Verdelaine vivent à la Vill'Hervé, une grande maison en bord de mer. Enid, c'est la plus jeune, celle qui ne comprend pas vraiment les choses de l'amour, celle que personne ne croit quand elle dit qu'elle a entendu un fantôme hurler dans le parc. Ni Geneviève, ni Hortense, ni Bettina... Pas même Charlie l'aînée qui s'occupe de toute la petite tribu. 

Dans ce premier tome, nous apprenons donc que les filles Verdelaine vivent désormais seules, à la suite de la mort de leurs parents, Lucie et Fred. C'est Enid, la plus jeune qui nous entraîne tout d'abord dans leur grande maison au bord de la mer, la Vill'Hervé, où le vent s'engouffre dans un bruit de hibou asthmatique. Les fuites, la chaudière qui déconne, le macaroni - cet escalier biscornu - l'aile des filles et l'aile de Bettina avec salle de bain perso - lenteur de douche de la demoiselle oblige - mais heureusement il y a aussi les pâtisseries de Geneviève, les vêtements bien repassés et Charlie et ses outils. Il y a aussi Basil, l'amoureux de Charlie, médecin de son état qui vient aider la tribu Verdelaine dès qu'un nez se met à couler. 

Les filles ont aussi un secret, elles parlent toute à leurs parents disparus, qui apparaissent toujours vêtus n'importe comment. Réconfortant et douloureux, ces apparitions sont l'occasion pour les filles de confier ce qu'elles ont sur le cœur. 

A côté de la grande tempête qui s'abat sur la Vill'Hervé, détruisant le puits et le vieil arbre, Colombe, une jeune fille dont les parents sont à l'étranger, vient passer les vacances chez les Verdelaine au grand dam de Bettina qui redoute une rivale. Il faut dire que Colombe est aussi belle que gentille et ça a de quoi énerver. Sauf que non...Colombe a tout de Miss parfaite mais elle est vraiment adorable, bien élevée et c'est une bonne nature. Elle n'en veut jamais à Bettina pour ses impolitesses et ses vacheries, ne la dénonce pas, parce qu'elle sait que cela ne sert à rien. C'est finalement Bettina qui nous apparaît comme une insupportable ado, jalouse et mauvaise jusqu'à la fin du tome. Il lui faudra faire encore un peu de chemin avant de grandir! 

Colombe est très joliment dessinée et correspond bien à l'image que je m'en faisais et le beau Juan avec ses cheveux roux et ses tâches de rousseurs était parfait aussi!

 Présentation de l'éditeur: Dans ce deuxième tome de ta série, il est question d'Hortense, 11 ans, qui passe sa vie dans les livres et se demande ce qu'elle va devenir : un personnage de sa série préférée ? Chirurgienne des maladies incurables pour venir en aide à sa nouvelle amie Muguette ? Ou bien comédienne ? Mais pour monter sur scène, Hortense va devoir vaincre sa timidité... C'est dans son journal intime dont elle nous livre des extraits, qu'Hortense s'interroge et partage les hauts et les bas de sa vie d'adolescente. 

Enfin nous découvrons Hortense, 11 ans et malheureuse, noyée dans la masse de ses sœurs. Trop de filles dans cette maison, trop de caractères différents et surtout trop de Bettina qui ne voit sa petite sœur que pour se moquer d'elle. Lorsque Hortense rencontre Muguette, une petite fille gravement malade mais pleine de vie et d'espièglerie, l'adolescente se dit qu'il est temps d'agir. Grâce à cette nouvelle amitié et aux cours de théâtre, Hortense sort lentement mais sûrement de sa coquille et se découvre une passion. 

J'ai beaucoup aimé que ce tome-ci prenne une forme qui lui est propre, notamment avec les pages du journal d'Hortense qui jalonne la lecture. C'est donner vie au roman d'une façon visuelle fort agréable. 

Parallèlement à Hortense, c'est Bettina qui vit une histoire peu commune avec un magicien nommé Merlin aussi drôle et gentil que laid. Entre la peur d'être rejetée par ses amies et la découverte de l'amour, Bettina passe de l'odieuse à l'émouvante. Les deux premiers tomes en font finalement un personnage de premier plan parfois au détriment de Geneviève ou Charlie que l'on voit moins.

J'ai beaucoup apprécié ce que Cati Baur a fait de Merlin. Le garçon a d'immenses oreilles et un grand nez mais il est immédiatement attachant comme dans le roman. On a envie de rire avec lui et de le voir faire des tours de magie. C'est un personnage que j'avais déjà adoré dans le roman et ici, tout comme Colombe dans le tome 1, Cati Baur a su le retranscrire juste comme il fallait. De la même façon j'ai trouvé le personnage de Muguette très juste. On voit bien qu'elle est malade, avec ses yeux cernées et ses cheveux très courts qui ont l'air d'être un petit duvet, mais en même temps, il se dégage une très grande force de son personnage ainsi que beaucoup d'humour. Cati Baur a gardé toutes les expressions de Muguette, les "Maine et Loire" ou autre "Tarn et Garonne" qui m'ont toujours beaucoup plu.

Ces deux premiers tomes des adaptations des Quatre sœurs retranscrivent avec brio mes romans chéris. Des larmes de rire en passant par celles de tristesse, des disputes aux franches rigolades, c'est avec une joie non dissimulée que l'on se replonge dans les aventures des cinq filles Verdelaine. Il est indéniable que l'on sent la complicité des deux auteures. Une lettre de Malika Ferdjoukh au début du premier tome retrace d'ailleurs leur rencontre et leur projet. De l'inspiration très hollywoodienne de Malika Ferdjoukh, toujours très friande du cinéma de l'âge d'or, aux choix de Cati Baur, la BD finale ressemble bien à la mise en image des romans. 

L'humour et les mots d'esprit qui les jalonnent non pas disparu non plus et c'est avec le sourire et en attendant la suite que l'on referme ces deux premières bandes dessinées.

J'ai déjà parlé des dessins de Cati Baur pour ses personnages mais il faut encore mentionner tous les décors et les paysages. J'adore plus que tout la Vill'Hervé, absolument magnifique. Elle figurait déjà dans le Top 10 des maisons dans lesquelles je voulais vivre mais la voir presque en vrai est insoutenable. Immédiatement, nous sommes plongés dans l'ambiance et la Vill'Hervé et les cinq Verdelaine prennent corps. Trois pages de BD c'est tout ce qu'il aura fallu pour m'avoir, sans parler de la plage, des falaises d'Hortense et de la chambre de Geneviève avec son lit que l'on peut entièrement fermer. J'ai hâte d'arriver dans les autres tomes lorsque les filles vont à Paris. La capitale sous les pinceaux de Cati Baur ne doit pas manquer d'attraits.

La maison idéale, au bord de la mer!

Je ne peux donc QUE vous recommander ces deux premiers tomes, dans l'attente fébrile des deux derniers. Ceux qui ont lu les romans vont juste adorer, pour les autres, c'est une excellente occasion de découvrir l'univers des cinq soeurs Verdelaine et de Malika Ferdjoukh.

Dessin préparatoire de Cati Baur, trouvé sur son blog

jeudi 13 février 2014

Le passage du diable - Anne Fine


COUP DE COEUR DE PERSEPHONE

Présentation de l'éditeur: Depuis son plus jeune âge, Daniel Cunningham a vécu enfermé, avec pour seule compagnie les livres et sa mère – qui l’a gardé reclus, à l’écart du monde extérieur, et qui n’a cessé de lui répéter qu’il était malade. Un jour, des coups frappés à la porte vont tout changer.
Des voisins ont découvert son existence, et résolu de libérer Daniel de l’emprise de sa mère. Pris en charge par le docteur Marlow et sa famille, il va découvrir peu à peu que tout ce qu’il tenait pour vrai jusque-là n’était qu’un tissu d’histoires racontées pour le protéger. Mais le protéger de quoi ?
De sa vie d’avant Daniel n’a gardé qu’une maison de poupée. Et pas n’importe quelle maison de poupée : c’est la réplique exacte de la maison natale de sa mère, une maison qui recèle de nombreux et sombres secrets. Jusqu’à quels vertiges ces secrets conduiront-ils Daniel ?

Cela faisait longtemps que je n'avais pas été impressionnée à ce point par un roman jeunesse. Que d'envergure, que de force et de prise de risque de la part d'Anne Fine dans ce roman qui joue subtilement avec le fantastique et l'horreur. Nous sommes bien loin des aventures bon enfant du chat assassin car ici, l'assassin ne se limite pas aux souris. La couverture, déjà bien inquiétante, est loin d'être révélatrice dans la tension réelle qui se dégage de l'histoire d'Anne Fine. J'avais bien compris que ça allait être noir, je ne savais pas à quel point. 

Le passage du diable est un roman à destination des 15 ans et plus. Ça semble bateau à dire parce que je parle beaucoup de romans ado/Young adult sur ce blog mais je vous assure que la prescription n'est pas superflue en ce qui concerne Le passage du diable. Dès les premières pages, le•a lecteur•trice est pris dans cette atmosphère pesante et étrange, de la même façon que l'on peut être pris, englué dirai-je, dans Rebecca de Daphnée du Maurier. 

Pour être claire, j'ai tout aimé: que ce soit le style d'Anne Fine, l'intrigue, l'ambiance, le jeu subtil sur le fantastique présent simplement ce qu'il faut. Tout. J'ai tout aimé. 

Écrit à la première personne, c'est en effet le jeune Daniel qui raconte son histoire, le roman vous prend à la gorge dès les premières pages. Au contraire du jeune narrateur, nous sommes capables bien vite de comprendre que quelque chose cloche dans le comportement de sa mère, son omniprésence aux pieds du lit de son fils et sa volonté farouche de l'isoler du reste du monde. De ce fait, l'arrivée du Docteur apparait comme une bouffée d'air pur même si le jeune Daniel n'est pas au bout de ses malheurs. Cela dit, si on se rend compte que Mrs Cunningham n'a pas un comportement rationnel, on ne peut s'empêcher de se demander si derrière ses actes il n'y a pas une vraie raison qui la pousse à agir ainsi. Malgré les mensonges et sa folie, je n'ai pu m'empêcher dès le début, d'éprouver de la peine pour Mrs Cunningham. Ce début de roman est particulièrement agressif, il voue secoue et vous met mal à l'aise. Le destin de Liliana est tragique dans le sens le plus pur du terme et je n'ai pu m'empêcher de trouver le personnage très beau. La description qui s'en dégage tout au long du roman est fait de contrastes et de révélations surprenantes mais permet de brosser le portrait d'une femme courageuse et aimante malgré ses peurs et ses angoisses profondes. Les domestiques de High Gates enrichissent de ce fait un récit farci de mystères où rien n'est jamais ce qu'il semble être.

Deux parties composent ainsi le récit et si elles sont assez différentes en elles-même, une tension commune est bien filée tout au long de l'intrigue. J'ai beaucoup aimé la première partie où le jeune Daniel se retrouve dans la maison du Docteur, avec sa femme, la gentille Mrs Marlow et ses filles dont la jeune Sophie, adorable par son originalité et sa spontanéité. Fraiche et vive, elle met un peu de couleur dans le ciel gris de Daniel. Quant à la seconde partie, qui met notre héros aux prises avec son passé, elle le voit faire face à la concrétisation de ses peurs. Si l'angoisse était diffuse dans la première partie - le/a lecteur/trice se demandant d'où provient la tension que l'on ressent depuis le début - elle prend véritablement corps dans la seconde. 

La Maison est un symbole de première importance, presque un personnage en soit, puisqu'elle se retrouve déclinée sur plusieurs variations. Il y a d'abord la maison de Daniel et de sa mère, Maison-prison dont on ne sait pas bien si elle protège ou punie puis la Maison des Marlow, celle où il fait bon vivre, où l'enfance peut s'épanouir et se sentir protégé avant de se heurter à High Gates. Celle-ci, présente à la fois à travers la maison de poupée et la vraie demeure familiale, est l'enjeu véritable de l'intrigue car de la première se dégage une ambiance malsaine à laquelle répond la seconde. Il s'agit presque d'une métaphore filée où se dispute des jeux en miroir en lien direct avec le mystère que tente de résoudre le jeune garçon. C'est une idée qui m'a beaucoup plu, de même que les figurines en bois sont eux-aussi les allégories de personnes bien réelles, High Gates est le passage du diable.

En plus de la tension qui se dégage de chaque page, qui nous fait lire plus vite pour voir si Daniel va s'en sortir, si les menaces qui pèsent sur lui ne sont pas trop grandes, Anne Fine mélange subtilement le fantastique à son récit à la manière d'un Henry James et de son fameux Tour d'écrou. Les éléments surnaturels sont suggérés à travers le comportement des personnages ou leur destin funeste sans que jamais vraiment nous n'ayons d'explications nettes sur le sujet. La fin seule, présage de la réalité des faits ou de leur absence de réalité. Ce n'est jamais tapageur, toujours fait finement de sorte que l'ambiance fantastique prédomine sur n'importe quel autre ton. 

La langue enfin, simple mais belle, toujours poignante et dans la veine des écrits fantastiques d'il y a deux siècles, rehausse encore ce roman jeunesse magistral.
Parfait pour un éveil au fantastique, parfait aussi pour les amateurs d'émotions, d'ambiance et d'excellent récit, Le passage du Diable est une merveille. Je ne peux donc que recommander ce coup de cœur absolu. 

lundi 10 février 2014

Londres par hasard - Eva Rice

Présentation de l'éditeur: Tara, adolescente un peu rebelle dont l'enfance a été assombrie par la mort tragique de sa mere, vit avec père vicaire et ses sept frères et sœurs dans un presbytère de Cornouailles. Quand, lors d'un mariage, elle est remarquée par un producteur de disques pour sa belle voix, sa vie tranquille de jeune provinciale va basculer. Bientôt, accompagnée de sa sœur Lucy - ravissante jeune femme qui brise tous les cœurs mais qui ne rêve que de vieilles pierres -, elle partira pour Londres où elle enregistrera un disque et connaîtra le succès artistique, en même temps que ses premiers amours avec un photographe de mode. Les deux filles seront plongées dans le bouillonnement culturel du Londres des « Swinging sixties». Lucy va même se rapprocher d'un certain chanteur et joueur d'harmonica qui deviendra par la suite l'une des plus grandes icônes de l'histoire du Rock. 

 Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas - ce qui était mon cas avant d'ouvrir ce roman - Londres par hasard est le second roman d'Eva Rice après L'amour comme par hasard. Si dans le premier nous suivons les histoires de Charlotte et de Pénélope, le second s'intéresse plutôt aux sœurs Jupp, Lucy et Tara.  

Je n'avais pas lu L'amour comme par hasard mais je dois dire que ça ne m'a pas gênée. L'auteure arrive sans trop de mal à produire une histoire originale sans que se fasse sentir l'appel du premier tome. C'est vrai cependant qu'avoir lu les aventures de Pénélope et Charlotte doit apporter un petit plus à la lecture de Londres par hasard, cela dit, ma lecture a été fluide. Lecteur, lectrice, vous pouvez donc absolument commencer - ou finir - par celui là sans aucun soucis. 

Cette facilité de lecture s'opère notamment grâce au choix de la narration à la première personne. En effet, c'est Tara qui nous raconte d'abord l'histoire de sa famille et de son village natal, puis la sienne et celle de sa sœur dans le Londres des 60's aux côtés de personnages tous plus fantasques et extraordinaires les uns que les autres. Il est donc plus simple de repartir de zéro et de réintroduire le lecteur dans cet univers précédemment d'écrit par l'auteure.  
Je suis, en général, très difficile sur la narration à la première personne et encore plus lorsqu'il s'agit d'une voix de femme - de jeune femme ici - qui raconte ses débuts dans le monde des adultes. Pourtant, je me suis très vite laissée charmer par la voix de Tara, au propre comme au figuré.

On pourrait croire le personnage de Tara - et même l'histoire en elle-même - diablement cliché avec l'apprentie chanteuse qui part a Londres rencontrer le succès mais Eva Rice est beaucoup plus fine que ça. D'abord parce que Tara est attachante, entière et pas diva pour un sou. Chanter elle aime ça, elle est douée mais au fond, elle veut faire plaisir à sa mère disparue et faire comme le lui dit Inigo "quelque chose de cette voix". Elle chante d'abord pour les autres parce que ce qu'elle aime c'est le cheval. Tara est bien loin des critères de starification de notre univers et j'ai aimé ce décalage. Une jeune fille sur qui la "gloire" tombe dessus sans qu'elle ne le désir vraiment sans vouloir à tout prix être transformée, le concept m'a séduite. Si Tara Jupp deviendra aux yeux du monde Miss Cherry Merrywell, elle reste toujours Tara Jupp pour le/a lecteur/trice. 

L'utilisation de la première personne du singulier pour aborder deux personnages était également très intéressant car Lucy est un personnage central de l'intrigue. J'avoue que j'ai eu peur au début. Lucy c'est l'équivalent de Scarlett Johanson et j'ai redouté que Tara se retrouve complètement dans son ombre avec un balancement horripilant entre "je la déteste elle est trop belle" et "je l'admire, elle est trop belle". Heureusement, Eva Rice a plus d'un tour dans son sac et le personnage de Lucy, qui sous d'autres plumes aurait pu être cliché à mort, devient une jeune femme particulièrement intéressante. Lucy adore les vieilles pierres. Dotée d'une mémoire photographique (marque déposée), elle voue une vénération à l'architecture britannique et à l'art en général. Passion extrêmement rare et novatrice en littérature, ça nous change de la mode, elle dote Lucy d'une personnalité forte, originale et indépendante. C'est un personnage extrêmement frais et vrai. Bizarrement, je n'ai eu aucun mal à imaginer quelqu'un comme Lucy. Sa beauté est parfois un atout mais également un trait de personnalité qu'elle tente de faire oublier. 

De la même façon, on pourrait penser que l'histoire dans la capitale avec découvertes et déceptions amoureuses, les 60´s, n'aura rien de bien palpitant mais c'est sans compter sur presque la première moitié du roman où l'on suit plutôt les deux sœurs dans leur village natal. C'est toute une adolescence qui se joue durant 200 pages, narrée dans un entrelacs de sentiments confus, d'espoirs et d'amitiés déçus. C'est là qu'intervient le personnage de Mathilda. Jeune fille timide, femme complexe et blessée, Mathilda forme avec Lucy, une paire intrigante où se mêle amitié et rancœur. L'évolution des deux jeunes femmes et leur relation était la pointe de drame parfaite qui complétait ce roman. Durant toute ma lecture j'ai cru que l'histoire allait être un drame à l'anglaise. De petits signes avant coureur, quelques remarques ici où là mais en réalité, ce n'était pas la peine de m'inquiéter. L'auteure sait parfaitement mélanger les drames - petits ou grands - de la vie avec les coïncidences bienheureuses et les fins en douceur. Du coup, l'histoire de Lucy et Mathilda s'insérait à merveille dans ce décor sucré qu'est le Londres des années 60. Je les vois bien incarnées par les deux actrices du "Sad Cypress" d'Hercule poirot, Kelly Reilly en Lucy et Elisabeth Dermot Walsh en Mathilda. 

Si vous aimez à la fois le charme de la campagne anglaise et le tumulte Londonien, vous allez être servi parce que Londres par hasard, c'est un peu tout ça. On croise aussi bien une vraie Lady et un Évêque qui fait peur qu'un des membres des Rolling Stones ou des icônes de la mode et de la photo de l'époque. Un pot pourri bien dosé où chacun semble avoir acquis sa juste place. 

Je fus réellement charmée par l'intrigue et les personnages, leurs évolutions, leurs peines, leurs joies et les retournements de situation. Servi par une très jolie langue, Londres par hasard est un délicieux bonbon anglais acidulé à consommer avec un bon thé durant un après-midi pluvieux. 

dimanche 9 février 2014

En ce moment en librairie: Episode 2 "Des albums choupi trop chou!"



De retour avec notre rendez-vous: "En ce moment en librairie" mais aujourd'hui pour vous parler des albums pour enfants. Grâce à la gentillesse de mon Capitaine Jeunesse, je m'occupe un peu du rayon jeunesse à la librairie et j'ai sous les yeux les albums pour enfant qui passent dans les rayons. Plusieurs d'entre eux méritent vraiment d'être vus et lus, du coup je vous propose un petit panel de mes coups de coeur et il y en a pour tous les goûts et tous les âges!


Rouge et Bleuet de Delphine Berger-Cornuel

L’amour est compliqué. Surtout lorsqu’on est ignoré par l’être aimé. Petit ourson est amoureux, mais Bleuet, la petite poupée, a le cœur froid, si froid qu’elle ne le voit pas. Indifférente a tout ce qui l’entoure, elle ne s’intéresse à personne.C’est alors que le grand oiseau noir enlève la fillette. Le courageux ourson tentera l’impossible pour la sauver.
Cet album en noir et blanc est une véritable petite perle. Comme le dit le résumé l'amour c'est compliqué, surtout quand on est un petit ourson au cœur tout chaud, amoureux d'une poupée au cœur tout froid. Nous suivons les aventures du petit ourson alors que la poupée se fait enlever par un grand oiseau noir. L'ourson ira jusqu'à briser son petit cœur tout chaud pour la poupée au cœur froid. Rassurez-vous, tout est bien qui fini bien et même d'une façon plus surprenante que l'on croit. A côté d'une histoire choupitrognonne, des dessins d'une grande sobriété mais très délicats qui fait de ce petit album par la taille, un grand album par le contenu. 
A partir de 4 ans mais aussi pour les plus grands. 

C'est toi le printemps? Chiaki Okada, Ko Okada
 
C'est l'hiver dans la grande forêt. Le premier hiver de Petit Lapin, trop petit pour grimper aux arbres comme ses frères.
"Bientôt viendra le printemps, lui dit sa maman. Alors tu seras grand. Tu pourras grimper aux arbres et voir la mer au loin..."
Le printemps ? Qu'est-ce que c'est ? À quoi ressemble-t-il ?
Soudain, BOUM BOUM BOUM... Des pas dans la forêt !
"Le printemps arrive !" se dit Petit Lapin.
Au grand ours blanc qui se dresse devant lui, impressionné, Petit Lapin demande:
"C'est toi le printemps ?"
Le grand ours sourit, prend Petit Lapin dans ses bras et le soulève, bien plus haut que les branches.
"La mer !" s'écrie-t-il.
Enfin, Petit Lapin voit grand, voit loin, comme ses frères.
Il est temps pour les deux nouveaux amis de se séparer. Le grand ours s'en va continuer sa route vers des contrées plus chaudes et Petit Lapin rentre chez lui en courant :
"Maman ! J'ai rencontré le printemps !"
 
L'illustratrice japonaise, très connue dans son pays natal, nous offre avec son mari - qui l'aide à écrire les textes - un magnifique ouvrage sur le printemps. J'ai été littéralement fascinée par les dessins de Chiaka Okada. Non seulement l'histoire est adorable mais les dessins sont splendides. Soignés, pensés, ils plairont aux grands comme aux tous petits. Une vraie petite perle pour passer l'hiver en attendant le retour du printemps. 

Petit ours mal peigné et le ballon rouge de Chris Wormell



Un jour, un ballon rouge traversa les airs et atterrit aux pieds de Petit Ours Mal Peigné qui donna un coup dedans. Le ballon s’envola et disparut entre les branches d’un chêne. Petit Ours attendit que le ballon retombe. Mais rien ne se passa. Alors, Petit Ours interrogea les lapins, escalada l’arbre où se trouvait l’écureuil, dérangea le hibou et chercha dans le nid de la cigogne. Mais un ballon, ça rebondit !

Après les aventures de Petit ours mal peigné et les 6 souris blanches, choupitrognon lui aussi, nous retrouvons notre petit ourson dans une nouvelle aventure. Cette fois-ci c'est le ballon rouge qui s'échappe dans un arbre contraignant petit ours à grimper toujours plus haut. Il va rencontrer les occupants de l'arbre, pas toujours contents de se faire réveiller par un ballon rouge et un ours! 

Albums choupitrognon à partir de 3 ans (et plus).  



Ours blanc a perdu sa culotte de Tupera Tupera

Ours blanc est stupéfait : il a perdu sa culotte ! Il ne se rappelle même plus à quoi elle ressemble…
Aidé par son ami Souris, il se lance à sa recherche. Les deux compères croisent au cours de leur quête une multitude de culottes : hélas, ce n’est jamais la bonne.
Mais la culotte d’Ours blanc est peut-être moins loin qu’il ne le pense…
En tournant les pages de ce livre découpé, l’enfant découvre le propriétaire de chaque culotte : attention aux drôles de surprises !

Le premier livre à culotte du monde! Cet album complètement barré mérite bien un petit coup d’œil. Il fera, sans aucun doute, rire petits et grands! 

Pour les 3 ans.
La Belle au bois dormant de Kuniko Craft d'après les frères Grimm 

Le conte des frères Grimm magnifiquement illustré à l'ancienne, une pure merveille. Dans cet album terriblement élégant, la finesse du dessin se dispute à la mise en page soignée et délicate.  

Un énorme coup de coeur pour ce livre qui m'a fait pensé à mon vieux Grigrigredinmenufretin que j'avais lorsque j'étais petite. On retrouve une maturité dans le dessin qui ne peut que mettre en valeur ce conte traditionnel. 

Pour une autre vision de la Belle au bois dormant.

A partir de 6 ans.
 Parents mode d'emploi de S. Duchesne et M. Escoffier

Félicitations ! Tu viens d’adopter un couple de parents qui, nous l’espérons, te donneront entière satisfaction. Voici tout ce que vous devez savoir sur les parents. Ce que vous devez éviter à tout prix. L’hygiène, le dressage, les sorties, les idées reçues… Tout ce qu’il faut savoir !

Eclats de rire garantis avec ce Parents mode d'emploi. Après Petit frère, petite soeur: mode d'emploi et Zizi, Zezette: mode d'emploi, le nouvel ouvrage de S. Duschesne et M. Escoffier, est là pour donner d'excellentes idées à nos chers petits trésors....ou pas.

A partir de 4 ans. 

Le prince tigre de Chen Jiang Hong

Au coeur de la forêt profonde, la Tigresse pleure la mort de ses petits. Des chasseurs les ont tués. Depuis, elle rôde autour des villages, le coeur empli de haine et de chagrin. Un soir, elle détruit les maisons, dévore les hommes et les bêtes, mais cela n'apaise pas sa colère, au contraire. Le pays est plongé dans la terreur. Le roi consulte la vieille Lao Lao, qui lui déconseille formellement de lever une armée. Une seule chose, selon elle, peut apaiser sa colère. Le roi doit lui donner son fils unique, Wen. Le roi et la reine ont le coeur brisé. Wen est si petit! Son père l'accompagne pourtant aux abords du territoire de la Tigresse. «Je n'ai pas peur», dit-il à son père. Il marche longtemps, puis, fatigué, s'endort au pied d'un arbre. Déjà la Tigresse a senti son odeur...

Nous quittons l'Europe pour la Chine où Chen Jiang Hong nous entraîne. Dans ce très beau conte chinois, l'auteur nous fait suivre les aventures et la relation inattendue qui se noue entre une tigresse blessée par la mort de ses petits et Wen, le petit prince. A découvrir sans hésiter.

A partir de 5 ans
Le plus malin de Mario Ramos

"C’est moi le plus malin! Aujourd’hui sera jour de festin ! ricane le loup. Au menu : grand-mère et petite groseille au dessert.» Arrivé devant la maison de la grand-mère, le loup frappe doucement à la porte: toc toc toc. Il n’y a personne. Seulement une chemise de nuit déposée sur le lit. Le loup enfile la chemise, il sort effacer ses traces de pas devant la maison. Et vlan ! Un courant d’air ferme la porte. Surpris, le loup fonce se cacher dans les bois, déguisé en Grand-mère… 

Si nous n'aurons plus de nouvel album de Mario Ramos qui nous a quitté bien trop tôt, son œuvre n'est pas prête de disparaitre. Réédition de ses albums de loup, Le plus malin met en scène un loulou déguisé en grand-mère. Détournement du conte du petit chaperon rouge, Mario Ramos nous offre une histoire très drôle d'un loup qui ne fait pas vraiment peur!

A partir de 3 ans. 
Spécial coup de cœur - les anciens qu'on aime toujours

La provision de bisous de Zou de Michel Gay

Zou s’apprête à partir en colonie de vacances. Il veut à tout prix éviter de faire bébé mais, en même temps, il sait que tous ses bisous quotidiens vont lui manquer : ceux du soir, ceux du matin, ceux pour rien… Ne t’inquiète pas, Zou, disent Papa et Maman, on a une solution. Et les voilà qui confectionnent une énorme provision de bisous. Zou n’aura qu’à ouvrir sa boîte à bisous quand il se sentira seul. Mais la boîte réserve une surprise…
Vous posiez-vous aussi la question : où vit Zou ? La réponse est dans ce livre. Zou vit dans un monde de zèbres ! Ses voisins sont des zèbres, ses amis sont des zèbres… Façon de dire, pour Michel Gay, que nous sommes tous un peu coquins, un peu voyous, bref un peu tous de drôles de zèbres.

J'ai craqué sur ce petit volume déjà ancien de Michel Gay rien qu'à cause du titre et puis je l'ai lu et j'ai fondu. Une nouvelle aventure de Zou où cette fois-ci, le petit zèbre doit affronter une première épreuve: partir loin de papa et maman. Mais et mes bisous? 
Avec l'idée amusante et originale de la provision de bisous, cet album - disponible en lutin poche - est parfait pour affronter cette peur des tous petits: le premier départ!

Petit bout tout doux de Claude Lager et Claude K. Dubois

"Louise a un petit bout, un petit bout tout doux qui l'accompagne partout..." 

COUP DE CŒUR pour cet album que je lisais petite!! Un retour aux sources et retour en enfance bienvenu. 

Une histoire de doudou perdu, égaré et pourtant indispensable. Parce que le doudou c'est le compagnon idéal pour les tous petits (et même les plus grands), celui qui essuie les pleurs et apaise les cauchemars du soir. 

Un album chouchou à redécouvrir. 
A partir de 3 ans. 

Voila les amis, c'est fini pour aujourd'hui. Si vous aussi vous avez croisé des albums choupitrognons ces derniers temps, n'hésitez pas à en parler dans les commentaires! 
Bon dimanche à tous et à toutes!