lundi 20 novembre 2017

A daring arrangement - the Four Hundred #1 - Joanna Shupe

B-

Résumé : Lady Honora Parker doit se fiancer le plus vite possible et seul un certain type d'homme pourrait faire l'affaire. Nora recherche un homme si odieux, si parfaitement inacceptable que son père serait dans l'obligation de refuser les fiançailles, lui laissant ainsi l'opportunité d'épouser l'artiste qu'elle aime. Mais qui est donc l'homme le plus abominable de tout Manhattan? Le riche et diablement beau Julius Hatcher évidemment...
Julius est intrigué par la ruse de Nora et décide de rentrer dans son jeu. A la consternation de Nora, Julius se transforme en un fiancé parfait, charmant les personnes mêmes qu'elle espère offenser. Il semblerait bien que Julius ait un plan à lui, un plan qui résoudra un des grands secrets de son passé et peut-être, changera Julius en un homme que Nora pourra aimer réellement.

A daring arrangement fut une grande nouveauté. Je n'avais jamais lu de Joanna Shupe, c'est maintenant chose faite et c'est également la première romance historique que je lis qui se passe à New York et pas en Angleterre. N'y allons pas par quatre chemins, A daring arrangement est une romance mignonne, elle vous fera passer un bon moment mais elle ne m'a pas fait tourner la tête. Elle est du genre, vite lu vite oubliée mais j'ai passé un agréable moment.

J'ai beaucoup apprécié tout le contexte de l'histoire et le décors américain. C'était vraiment agréable de sortir de la bonne société londonienne et de découvrir une nouvelle société où l'aristocratie et les rapports de force ne sont pas les mêmes. Ce qui m'a plu par dessus tout c'est le côté bourse et notamment le fait que le héros soit dans la finance. C'est un côté qu'on ne voit jamais dans les romances qui se passent en Angleterre et pour cause, l'aristocratie britannique n'est pas dans le commerce, n'est pas dans les chemins de fer ou la bourse comme les héros américains. C'était très rafraîchissant d'avoir un héros businessman.
Pour autant, il ne faut pas se méprendre, ce côté de l'intrigue m'a plu justement parce qu'il était tout nouveau pour moi. Si jamais vous êtes habitué.es à la romance à l'américaine, sans doute que cela ne vous marquera pas autant.
J'ai beaucoup apprécié les héros Nora et Julius et leur alchimie. Je trouve que Joanna Shupe a très bien su les faire évoluer. Nora est assez immature, pleine de certitudes et surtout en conflit avec un père horrible. Elle va apprendre à discerner ses sentiments de son envie de rébellion notamment en rencontrant Julius. Julius de son côté est un vrai playboy, l'équivalent américain du si indispensable rake à la romance. Leur première rencontre est extrêmement drôle et permet de bien poser le personnage. Malgré tout, Julius a une vrai profondeur, c'est un travailleur, très intelligent qui a effectivement son propre plan. L'alchimie entre les deux personnages fonctionne très bien on sent monter la tension entre eux mêmes s'il y a quelques moments où Nora est vraiment pas très maligne. Globalement, ce n'est pas ce couple là qui vous fera grincer des dents et jeter le livre par la fenêtre.

Il y a un autre aspect qui m'a beaucoup plu et si vous me suivez depuis un moment vous savez que c'est un aspect de la romance qui me plait de plus en plus. (comme il s'agit d'un spoiler, surlignez pour le voir, sinon allez au paragraphe suivant):
Julius n'est pas le premier homme dans la vie de Nora. Je sais que niveau crédibilité historique c'est toujours plus compliqué lorsque les héroïnes ne sont ni veuves ni courtisanes mais ici c'est plutôt pas mal fait. C'est aussi une des causes du départ de Nora pour les Etats-unis, ce qui donne un poids de plus à la décision de son père de l'envoyer chez sa tante. Ce qui me plait c'est qu'il y a matière à comparaison et que ce qu'elle ressent avec Julius semble bien plus fort que ce qu'elle éprouvait pour son artiste.

Malgré tout ce ne fut pas un coup de cœur et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, je trouve que la romance au final manque d'enjeux. On ne voit pas trop ce qui les empêche d'être ensemble hormis des obstacles qu'ils se sont crées eux-mêmes et c'est dommage. Autant dans la première partie du roman ce n'est pas trop grave mais dans la seconde moitié les rebondissements semblent un peu plus forcés.
Alors je sais, je sais, on parle d'un autre homme que Nora aime et veut épouser...mais justement, ce dernier étant en Angleterre, au final, on l'oublie très vite. 
Spoiler:
Comme vous vous en doutez, le dit amoureux finit par débarquer aux Etats-unis. Déjà je trouve le tout suspect au niveau des dates et des délais, et pour être honnête je ne me souviens pas du tout si le livre explique tout ça ou au contraire si c'est noyé dans du flou. L'artiste se trouve être vraiment très très pathétique, il n'y a donc aucun suspense sur qui Nora pourrait choisir et j'ai trouvé cette partie de l'intrigue plutôt vite expédiée.
Autre problème, ce que je DETESTE entre les héros, c'est un manque de communication et toute la fin repose sur le fait que Nora et Julius s'aiment mais ne veulent pas de se l'avouer car chacun prête des sentiments et des projets à l'autre au lieu de simplement PARLER. On a certes vu pire mais j'ai trouvé que ce manque de communication n'était juste là que pour étoffer un peu la fin. 

A daring arrangement n'est pas une mauvaise romance, on passe un moment agréable et léger en compagnie de Nora et Julius mais un manque de véritable intrigue m'a laissée sur ma faim et ne m'a, de ce fait, pas laissé un souvenir impérissable. 
Et vous? Avez-vous lu Joanna Shupe? Qu'en avez-vous pensé? Connaissez-vous de bonnes romances qui se passent dans la société américaine? 

samedi 22 avril 2017

Six impossible things - Rhymes with love #6 - Elizabeth Boyle

B+

Résumé:  Miss Roselie Stratton est par définition impossible: forte tête, qui n'a pas sa langue dans sa poche et qui transporte un réticule contenant de quoi ruiner bien plus que sa propre réputation. Cela dit...embrasser Brody Garrick, Lord Rimswell n'est pas ce qu'a fait Roselie de plus dangereux car la sœur du vicomte Wakefield est aussi agent secret du Home office.
Si Roselie - Asteria de nom de code - est entièrement dévouée à sa mission, ses différentes rencontres avec Brody, lui aussi espion de la Couronne ne sont pas sans danger. Alors que les secrets d'états se mélangent aux affaires de cœur, Roselie devra se méfier des français et de son propre cœur.

J'en avais parlé sur Facebook il y a quelques jours, j'ai eu la chance de lire en avance Six impossible things le sixième roman d'Elizabeth Boyle dans la série Rhymes with love qui sort chez Avon le 25 avril 2017.

Je n'avais jamais lu du Elizabeth Boyle avant et je découvre avec Six impossible things, une auteure très agréable à lire. En règle générale, je n'aime pas commencer une série par le milieu, et a fortiori par le dernier tome mais à cheval donné on ne regarde pas les dents comme on dit et malgré tout je suis heureuse d'avoir rencontré Elizabeth Boyle avec Brody et Roselie. C'est vrai que ça démarrait bien: une romance régence, mêlée à une histoire d'espionnage...ça ne pouvait que me rappeler l'époque du Mouron rouge et des Pink Carnation. Je me suis donc lancée gaiement dans ce sixième tome et je n'ai qu'un regret...ne pas avoir lu les précédents!

Sincèrement je ne pense pas que Six impossible things soit le meilleur volume pour commencer cette série Rhymes with love puisque les héroïnes viennent toutes du même pensionnat de jeunes filles et de la même ville Kempton (la série s'appelle d'ailleurs comme ça chez Harlequin dans la collection Victoria, Les débutantes de Kempton) elles sont toutes liées et on comprend vite que Roselie est déjà apparue dans les premiers tomes et qu'elle a eu un impact plus ou moins important. D'ailleurs j'ai eu l'impression que la fin du tome précédent se passait en parallèle de celle-ci. Si quelqu'un les a lus je veux bien la réponse parce que je trouverais ça extrêmement cool qu'une scène particulière entre deux héros dans un tome d'une série se retrouve avec un autre point de vue dans un autre tome. Ce serait une vraie façon de mélanger les histoires dans une série. Si vous connaissez des séries de ce genre je suis preneuse aussi.

Bref, hormis ma frustration de ne pas connaître parfaitement tous les personnages - ça reste malgré tout compréhensible - j'ai dévoré Six impossible things. Le roman, en clin d'œil à la citation de Lewis Carroll, tourne autour de tout ce qu'une femme ne peut pas faire à commencer bien sûr par être espionne.

Alors voila, je vous mets en garde, même si c'est dit dans le résumé, l'héroïne est une espionne, une vraie. Elle ne donne pas juste deux trois renseignements à la sauvette, elle se déguise, infiltre des milieux qui ne sont pas de son rang et mène une activité qui pourrait ruiner sa réputation et celle de sa famille. Si vous ne supportez pas ce qui s'éloigne de la vérité historique, telle que le thème de l'espionne sous la Régence anglaise, Six impossible things n'est pas pour vous...du tout. Personnellement, j'ai tendance à être tatillonne sur ce sujet - et particulièrement sur la période Tudor parce que c'est celle que je connais, quand on passe des années à lire les sources historiques je pense que c'est normal - mais pour le trope de l'espionne, j'ai une souplesse d'esprit et je veux bien opérer la suspension consentie de l'incrédulité.
Pour défendre Elizabeth Boyle, je dois dire que l'ensemble est particulièrement cohérent malgré tout! Roselie se déguise en Asteria, c'est à dire qu'elle achète son matériel, ses robes etc dans des boutiques qui ne sont pas celles où elle va en temps que Miss Stratton. Le dessin des robes par exemple n'est pas celui d'une dame de la bonne société anglaise. Elle porte une perruque blonde alors qu'elle est brune ainsi qu'un masque. Elle fait très attention à protéger son identité et plusieurs fois elle parle/pense à la dangerosité de ce qu'elle fait et du risque qu'elle prend.
J'ai lu dans une critique américaine sur le net - ne me redemandez pas où, je n'en sais rien - que Roselie était un très mauvais personnage, égoïste et qu'elle aurait dû penser à sa famille d'abord.
Je pense pas que Roselie soit égoïste. Elle aime profondément sa famille et a conscience que ce qu'elle fait est dangereux. Ce n'est pas une héroïne TSTL. Elle n'agit pas en dilettante et ne commet pas d'impair facilement évitable. Evidemment elle tient à son activité d'espionne parce qu'elle veut être plus qu'une jolie poterie dans un salon de luxe, on ne va pas se mentir sur le côté féministe de l'héroïne mais il ne faut pas oublier non plus qu'elle agit pour une bonne cause, défendre son pays et venger la mort d'innocents, dans un moment de guerre entre deux nations. C'est une forte tête et je peux comprendre qu'on n'apprécie pas ce genre de personnage mais ici j'ai beaucoup aimé Roselie et tous ces tiraillements intérieurs entre son devoir envers sa famille ET son pays mais aussi vis à vis de ses propres aspirations.

Brody quant à lui, en vrai il s'appelle Bramwell, est un héros assez attachant. Il ne fera pas parti de mon top 3, Quid de mon top 3 d'ailleurs?, mais je l'ai bien aimé quand même. Il s'accorde bien avec Roselie parce qu'on peut dire ce qu'on veut d'elle, il est franchement aussi têtu. J'ai eu peur un moment que sa volonté d'interdire à Roselie d'être espionne, interdire carrément alors même qu'il n'a aucune autorité légale sur elle, relève de l'alpha bourrin. En réalité, Elizabeth Boyle contourne la difficulté en montrant bien que ce n'est pas par envie de jouer les gros macho macho man que Brody agit ainsi mais parce qu'il a peur pour elle. C'est une raison bien plus légitime et compréhensible que juste girls don't. Brody est aussi multifacette et ne reste pas braqué sur ses idées. Il est capable d'écouter et de comprendre des arguments et c'est un très bon point.

Autre point qui m'a impressionnée, j'ai trouvé que le roman était très bien construit. Elizabeth Boyle évite soigneusement les écueils du type de récit dans lequel elle nous embarque. Elle aurait pu faire durer très longtemps le jeu de chat et de la souris entre Brody et Roselie mais elle préfère nous montrer par flashback les scènes antérieures de rencontre entre les héros qui sont sensuelles à souhait sans être too much. Il y a un côté Elizabeth Hoyt en moins érotique. La révélation sur l'identité de Roselie intervient au meilleur moment, juste là où le récit a besoin d'être relancé et qui évite au héros de passer par le syndrome Loïs Lane - qui existe vraiment by the way.  De la même façon l'opposition entre les héros dure ce qu'il faut et on n'assiste pas comme je le déteste à de longues scènes de "tu ne le feras pas / Mais si/ Mais non / Mais si/ Mais non etc". Le rythme est toujours juste et l'auteure sait redynamiser son récit. L'intrigue "policière" sous jacente à l'intrigue amoureuse est elle-aussi tenue jusqu'à la dernière page ce qui en fait un tout très agréable à lire.

Enfin, il me faut parler de l'écriture d'Elizabeth Boyle que je trouve très bien, en particulier certains dialogues qui sont très fins et extrêmement drôles. Je ne résiste pas à vous mettre deux courts passages qui m'ont fait BEAUCOUP rire...dans le métro obviously.

"Still, it wouldn’t do to show any fear. Instead, he grinned at Chaunce’s brother. “For a man who boasts of never having lost a battle, you look rather bilious, Captain,” he teased. “Afraid of a few chits?” “A ‘few chits’? Good God, man, I’ve never faced such odds,” the captain admitted. “The French have the decency to shoot at you.” 

[Le Capitaine Benedict Hathaway veut danser avec Roselie et c'est Brody qui l'introduit auprès de la demoiselle qui a décidé de se montrer...horriblement courtoise avec ce pauvre Capitaine!]

Roselie’s fan fluttered delicately. “I’m certain what the ladies here this evening truly want to know is, if you’re going to be the sort of husband who shoots off his cannons at the least provocation, or worse, fires them indiscriminately all over town.” Vial or no, Lady Essex swooned.

En bref, j'ai passé un excellent moment de lecture et je n'hésiterai pas à lire les tomes précédents et les suivants de Rhyme with love.
Comme d'habitude n'hésitez pas à me donner votre avis je suis toujours preneuse!

mardi 18 avril 2017

Le Projet Starpoint - Marie-Lorna Vaconsin


Hello everybody!
Oui je sais je sais...j'ai un peu (oui un peu!) tardé à écrire une nouvelle chronique, non pas par manque de lecture, that's quite impossible really, mais par manque de temps. Le mois de mars est toujours mouvementé en librairie, inventaire, nouveautés etc et j'ai pas mal travaillé. En plus, Benedict mon ordinateur adoré (non rien à voir avec Cumberbatch, lisez les Princes d'Ambre), refuse de se connecter à internet...Je dois donc trouver des solutions alternatives, d'où le retard de ce billet! Aujourd'hui donc je vous parle du premier tome de la série Le projet Starpoint: La fille aux cheveux rouges, de Marie-Lorna Vaconsin publié à la Belle colère le 2 mars 2017.

Stay tuned, d'autres chroniques arrivent.

Présentation de l'éditeur: Pythagore Luchon a 15 ans. Il habite dans la ville de Loiret-en-Retz et s'apprête à entrer en seconde pour une année scolaire sans surprise : travailler – un peu –, écouter de la musique – souvent –, draguer les filles autant que cela lui sera possible, et notamment à l'occasion de la prochaine fête de rentrée pendant laquelle il officiera comme DJ. Il ne se fait aucune illusion sur les railleries qu'il devra endurer au sujet de sa mère – prof de maths au lycée –, ni sur la peine que lui causeront ses passages à l'hôpital pour rendre visite à son père – brillant chercheur en physique quantique, plongé dans le coma à la suite d'une agression. Toutefois, une chose le réjouit : il va bientôt retrouver Louise, sa meilleure amie, la fille du gardien du lycée.
Le jour de la rentrée, Pythagore découvre que Louise a apparemment décidé de se passer de leur amitié. Elle s'est liée à une nouvelle élève du nom de Foresta Erivan, dont la présence à ses côtés est d'autant plus intrigante que les deux filles n'ont rien en commun. Louise est une geek passionnée de sciences et d'ingénierie, tandis que la nouvelle élève affiche un look d'un autre genre : elle a les cheveux rouges, s'habille toujours en noir, souvent en cuir, et distribue des gifles à ceux dont elle n'apprécie pas le comportement. À son contact, Louise s'isole de ses anciens amis, se désintéresse de son travail et commence à sécher les cours. Pythagore déplore silencieusement la présence de cette nouvelle élève qui l'irrite autant qu'elle l'attire, jusqu'à ce qu'elle débarque chez lui en pleine nuit pour lui annoncer la disparition de Louise. Elle lui explique que, pour la retrouver, ils doivent passer par ce qu'elle appelle l'" angle mort " des miroirs. Pyth la suit sans se douter qu'il est sur le point de basculer dans un monde parallèle – le monde dans lequel Foresta a grandi, et où Louise est sur le point de se perdre.

Ecrire un premier tome d'une série n'est jamais une chose aisée. C'est un savant mélange qui demande autant de patience que d'ingéniosité car il faut arriver assez rapidement à donner corps à un univers entier, suffisamment construit pour que le lecteur•trice puisse avoir des repères facilement sans toutefois être trop banal ou sans intérêt. De la même façon, l'auteur•trice doit savoir poser un décor, des personnages et une intrigue qui reste consistante sans toutefois déborder afin que l'envie de lire la suite perdure.

On ne va pas y aller par quatre chemins, j'ai beaucoup aimé ce premier tome. Je le trouve très correctement rythmé avec suffisamment de matière pour donner envie de lire la suite et du corps pour bien comprendre l'univers dans lequel il est ancré.

Pythagore est un ado, un vrai, avec ses complexes, ses envies (parfois plus ou moins avouables) et une identité propre. Ce n'est jamais évident à écrire les personnages d'adolescents, surtout lorsque le récit est à la première personne masculine et que l'auteure est une femme (l'inverse est tout aussi vrai). L'équilibre est délicat car le héros ne doit pas passer pour trop enfantin, voire idiot ce qui est un risque certain avec les adolescents, et en même temps il ne doit pas être trop mûr. Je déteste les récits où les adolescents ont l'air d'être des adultes de quarante ans. Si le contexte le justifie, une certaine dureté est bienvenue, ne me faite pas dire ce que je n'ai pas dit, certains adolescents ont eu une vie plus dure que bien des adultes mais globalement et à moins d'être dans une histoire tragique, un comportement très adulte a tendance à me faire lâcher le livre avant la fin parce que pour être honnête les ados ne sont pas les individus les plus matures de l'univers. Ici Pythagore est très bien rendu. On le sent jaloux, blessé, triste, excité, joyeux, paniqué, il est très concret comme si l'auteure s'était inspirée d'un vrai adolescent et son nom lui va comme un gant. J'avoue je trouvais ça un peu too much Pythagore mais finalement, non seulement c'est cohérent avec sa famille - scientifique et professeur de mathématique - et à la lecture c'est un prénom tout à fait agréable.

Foresta Erevan quant à elle ressemble beaucoup aux héroïnes actuelles de SF/dystopie. Elles sont belles, mystérieuses, fortes, courageuses etc etc. Malgré tout Foresta est un personnage très agréable et plutôt loin du cliché commun. Elle aussi bénéficie d'un contexte assez fort et l'esprit cliché ou superficiel du personnage que l'on pourrait redouter de prime abord, s'efface bien vite lorsque l'on apprend son secret. Sa maturité ainsi que la couleur de ses cheveux ou même son style vestimentaire trouvent une explication logique et intéressante lorsque l'on sait d'où elle vient. Pythagore s'en rend compte lui-même d'ailleurs, notamment au niveau de sa tenue!

De plus, elle est bien complétée par Louise, la meilleure amie de Pyth, qui est une bricoleuse acharnée, une touche à tout, une curieuse.
Pythagore nous répète plusieurs fois que Louise n'est pas une fille maquillage, vêtements etc. J'avoue que ce cliché de "Je ne suis pas une vraie fille" parce que je n'aime ni la mode ni le maquillage opposé à "je suis une vraie fille girly/rose/paillette/nunuche" m'agace. Je ne vois pas l'intérêt de mettre en opposition les deux...comme si on disait "je ne suis pas un vrai garçon je n'aime pas les voitures et le sport" et "je suis un mec superficiel et bas de plafond parce que j'adore le tunning". C'est faire rentrer les gens dans des cases bêtes en excluant tous ceux et celles qui ne correspondent pas à une définition étriquée. Cela dit....avant de m'accuser de râler, je précise qu'ici Marie-Lorna Vaconsin évite l'écueil car cette caractéristique nous aide simplement à imaginer Louise sans qu'il n'y ait de jugement de valeur de la part de Pythagore. Louise est un peu comme une sœur pour lui, leur relation est parfaitement platonique. D'ailleurs cette dernière n'est pas insensible aux charmes masculins ce qui mis bout à bout offre un personnage complexe aux multiples facettes! Et ça...j'adore évidemment.

J'ai beaucoup aimé aussi le fait que ça ne se passe pas à Paris mais en Bretagne et pas la Bretagne des cartes postales. C'est chouette de sortir du parisianisme littéraire et de voir qu'il y a une vie en dehors, notamment pour pas mal d'ados qui ont l'impression de vivre dans un bled paumé. L'ambiance au lycée de Pythagore ainsi que les élèves de sa classe de seconde sont très bien rendus. Il y a les différents groupes, les populaires, les fils et filles à papa, les coqueluches et les moins coqueluches et les gens qui se connaissent depuis la maternelle. Une jolie réussite pour la partie "terrestre" du roman.

Mais parlons peu parlons bien. L'univers de SF que Marie-Lorna Vaconsin met en place est une tuerie! Scientifique, géologique, un monde avec des lois physiques différentes des nôtres, un monde sous l'océan...bref j'ai adoré. Je ne pense pas que ça plaira à tout le monde car l'univers est très marqué cependant alors qu'on entend souvent dire que la SF et la Fantasy ne se renouvelle jamais, que les auteur•es et les maisons d'édition surfent sur des vagues de mode, on ne pourra pas dire que c'est le cas de Marie-Lorna Vaconsin et de la Belle colère. L'univers est définitivement original et terriblement personnel. J'ai vraiment hâte de lire la suite, le second tome ayant l'air d'être plus axé vers le monde de Foresta. Il reste plein de choses à découvrir, des personnages mystérieux que j'ai hâte de retrouver.

Pour conclure, ce premier tome était excellent et même si je pense qu'il ne séduira pas tous le monde, il a définitivement des atouts pour devenir une solide référence en SF pour ados et jeunes adultes. J'attends la suite avec impatience et je le recommande franchement.

vendredi 24 février 2017

A court of thorns and roses - A court of Thorns and Roses #1 - Sarah J. Maas

A-
 
Présentation de l'éditeur: En chassant dans les bois enneigés, Feyre voulait seulement nourrir sa famille. Mais elle a commis l'irréparable en tuant un Fae, et la voici emmenée de force à Prythian, royaume des immortels.
 Là-bas, pourtant, sa prison est un palais magnifique et son geôlier n'a rien d'un monstre. Tamlin, un Grand Seigneur Fae, la traite comme une princesse.
 Et quel est ce mal qui ronge le royaume et risque de s'étendre à celui des mortels ?
 A l'évidence, Feyre n'est pas une simple prisonnière. Mais comment une jeune humaine d'origine aussi modeste pourrait-elle venir en aide à de si puissants seigneurs ?
 Sa liberté, en tout cas, semble être à ce prix.

 Cela faisait des plombes mais littéralement des plombes que deux de mes amies, Lily et Cathy pour ne pas les citer, me hurlaient de lire du Sarah J. Maas. A chaque déjeuner, à chaque texto j'avais le droit à un passage obligé: "Mais c'est trop bien tu vas voir, LIS-LE!!!!". J'avais le choix entre deux séries, The Throne of Glass ou A Court of thorns and roses mais finalement j'ai décidé de commencer par la plus récente des deux. Bon en vrai c'est plus dû au hasard qu'à autre chose mais on va plutôt dire que c'est à cause de ma grande force de caractère.
 *La blague!*
 * Cheshire tient-toi tranquille veux-tu ou je te fais empailler... Tu seras magnifique sur le rebord de la fenêtre*
 * Le chafouin disparaît en boudant*
 Bien. Où en étais-je moi? Ah oui, A court of thorns and roses. Il vient de sortir en français à la Martinière jeunesse et j'en pensé que je ferai une pierre deux coups: lire un bon roman de fantasy et pouvoir donner mon avis à la librairie pour le rayon jeunesse. Je pensais que les deux séries étaient liées, que l'une était le prequel de l'autre mais comme mes amies me l'ont appris, ce n'est pas le cas. Le fait de lire A court of thorns and roses avant la série Throne of glass n'a en fait aucune incidence.

 Je suis très très vite entrée dans le roman. Sarah J. Maas réussit très bien à placer le décors et le premier chapitre dans la forêt est tout à fait saisissant. Il permet aussi très vite de comprendre qui est l'héroïne et de la voir agir en plus de penser. D'habitude je trouve les récits à la première personne difficile à réussir car le ton peut vite sembler idiot ou geignard mais ici, Feyre est suffisamment froide et dure pour que ça ne soit pas une gêne.

 Le personnage de Feyre est très bien réussi. C'est une jeune femme dure, tenaillée par la faim et qui doit faire survivre une famille assez catastrophique. Les deux soeurs sont inutiles au possible: entre celle qui est super méchante dans ses remarques et l'autre qui est complètement évaporée, elle est bien servie. Sans compter que les deux ne font rien, ni le bois, ni le ménage ni rien et que le père passe sa vie assise près du feu avec sa patte folle et ses sculptures, Feyre assume la survie de la famille alors qu'elle est la plus jeune.
 Autre chose qui m'a vraiment plu dans le personnage c'est le fait qu'elle est assez froide concernant ses relations amoureuses. Elle a un amant dans le village et elle n'en fait pas tout un drame. Ce n'est pas une passion mais simplement une façon de se faire du bien et de passer le temps. Ca a l'air d'un détail comme ça mais c'est la première fois que je lis ça dans un roman young adult. En général le récit reste très "chaste" et les personnages ont beau approcher la vingtaine et vivre dans des situations très dures, on a toujours l'impression que penser à ça est une faiblesse ou alors moralement condamnable ou comme dans beaucoup de récit, que l'héroïne attend le "bon". Ici, je trouve Feyre finalement beaucoup plus proche d'une jeune femme lambda. Même si elle se trouve trop maigre, puisqu'elle ne mange pas, elle reste globalement bien dans ses pompes et n'a pas de code de moral étriqué. D'ailleurs lorsque Tamlin lui demande plus tard dans le roman si elle a laissé quelqu'un là bas dans son village, elle répond sans embarras qu'elle avait un amant mais que ça s'arrêtait là, ce qui fait sans doute, que je crois facilement à sa fascination pour Tamlin. Feyre ne vit pas dans un monde idéal, elle ne se berce d'illusions d'aucune sorte.
 En tout cas Feyre est attachante parce qu'on sent une grande palette de sentiments et que ces derniers évoluent lentement mais toujours de façon cohérente. Elle ne devient pas amie avec les Fae en deux chapitres, il faudra des mois avant qu'un semblant d'entente vois le jour.

 Parmi les autres personnages, Tamlin est un excellent héros. Il est mystérieux juste ce qu'il faut, séduisant aussi mais sans jamais en faire trop, je trouve l'équilibre du personnage vraiment bien réussi. Le masque qu'il porte est très intrigant aussi, au final j'étais comme Feyre, j'avais une envie folle de lui retirer! Ce n'est pas un grand causeur, si vous aimez les héros charmeurs et bavards vous risquez en revanche d'être déçu/es. La séduction de Tamlin passe plus par sa façon d'être que par la parole mais c'est compensé par la présence de Lucien.
 Lucien c'est un vrai coup de cœur pour moi. Je l'ADORE! Non seulement il est drôle mais aussi très touchant avec son masque de renard (j'admets, il est fait pour moi) et son œil mécanique très steampunk. Ce n'est pas qu'un sidekick, Lucien a une vrai consistance, une réelle profondeur il n'est pas simplement là pour faire la troisième roue du carrosse Feyre-Tamlin. Si au début il a un petit côté tête à claque on apprend vite à le connaître et il devient pour moi très vite indispensable à l'intrigue.

 Il ne le faudrait pas, mais je ne peux m'empêcher de donner mon avis sur Rhysand. Comme c'est un personnage qui apparaît tard dans l'intrigue je cache mon avis mais si vous voulez savoir ce que j'en pense, il vous suffit de surligner le texte en blanc.

Rhysand c'est encore un autre personnage fascinant. La première fois qu'il apparaît j'ai vraiment senti qu'il allait mettre des bâtons dans les roues de Feyre et Tamlin mais plus le récit avançait plus il me semblait familier et étonnamment moins dangereux qu'au premier abord (et pourtant le premier abord fut rude, la première confrontation a été horrible!). Au début il me faisait vraiment penser à Littlefinger de Game of Thrones. La comparaison n'a donc rien de flatteur. Cependant, au fur et à mesure je me suis plus attachée au personnage et il me fait à présent d'avantage penser à Archibald de la Passe-miroir de Christelle Dabos, le genre qui paraît menaçant mais qui est finalement moins transparent qu'il n'en a l'air. Je peux me tromper, la suite nous le dira, et sans doute très clairement vu la tournure qu'à pris la relation Feyre-Rhysand dans ce tome un mais il m'inquiète moins que Littlefinger voyez-vous.
 


Je vous l'ai dit, l'écriture est bien maîtrisée et la première personne passe bien même dans les moments très intimes de Feyre, dans ses pensées qu'elle ne partage avec personne, elle reste cohérente. Rien ne m'énerve plus qu'un personnage qui a l'air froid au dehors mais qui est en fait horriblement niais quand on a accès à ses pensées, c'est un  défaut courant dans le récit à la première personne. Les interrogations et revirements de l'héroïne m'ont rapidement séduite. Quant à l'intrigue en soit, je me suis faite une remarque sur le rythme du roman. En vérité il est assez clairement coupé en 2/3, 1/3. Les deux premiers tiers se concentrant sur l'arrivée de Feyre à Prythian et le développement de la relation entre les personnages tandis que le dernier tiers est clairement plus tourné vers l'action et bien malgré cet apparent déséquilibre, au final le rythme était vraiment bien dosé. Sarah J. Maas prend son temps pour développer les liens entre ses personnages et ne rajoute l'action qu'au moment opportun. Rien ne semble trop précipité ou au contraire étiré et le dernier tiers m'a paru aussi complet que le reste du récit avec une accélération de l'action qui vous attrape littéralement. Si vous étiez bien pris par le roman dès le début, il y a peu de chance que vous le lâchiez avant la fin.

 Mais...il faut bien un mais...malgré les personnages consistants et/ou attachants, malgré une intrigue prenante et une lecture passionnée, j'ai un petit bémol à apporter. Comme celui-ci concerne la fin du roman je le mets sous des bannières spoilers (parce que c'en est), vous n'aurez qu'à les surligner pour les voir.

Alors que Feyre se trouve à la cour d'Amarantha sous la montagne, celle-ci lui propose de prouver son amour pour Tamlin, soit en résolvant une énigme soit en accomplissant trois tâches. Le procédé est classique mais ça fonctionne toujours. Ce qui me dérange plus c'est l'énigme...quitte à donner le choix à quelqu'un entre affronter trois épreuves dont il ou elle a peu de chance de sortir vivant ou résoudre une énigme, cette dernière devrait être coton!
 Sincèrement, elle m'a pris deux minutes à résoudre...deux minutes...Alors je sais, je ne suis pas dans les conditions de Feyre pour la résoudre avec le stress et la peur mais quand même...il va se passer des semaines entre la première et la dernière épreuve et c'est ponctuellement rappelé qu'elle cherche la solution de cette énigme "impossible". Alors je vous le donne en mille la solution de l'énigme c'est l'Amour...or tout le but des épreuves est de prouver l'amour de Feyre pour Tamlin. C'est moi où c'est un peu idiot? Alors certes ça permet un très joli moment et un beau retournement de situation à la fin mais sincèrement ce n'est pas subtil.
 Pour moi c'est vraiment une faute, parce que pendant tout le roman l'auteure a fait preuve de cohérence et d'une bonne maîtrise de l'intrigue et des personnages et là, je trouve que ça flanque pas mal de chose par terre. D'une part je trouve que ça décrédibilise Amarantha en la ramenant à son obsession de Tamlin, je ne suis pas fan de la méchante qui pourri tout le monde à cause d'un homme. Quand tu tiens les plus grands Fae dans tes mains depuis cinquante ans, tu as au moins le temps de peaufiner une énigme bien tordue...là non. Quant à Feyre, je suis désolée mais ça la rend un peu idiote. On sait qu'elle n'a pas d'éducation, qu'elle ne sait pas lire mais de là à ne pas trouver la réponse à une énigme simple...j'ai vraiment trouvé ça dommage parce que du coup, j'étais moins impressionnée par la fin que je ne l'aurais dû.
 


Cela dit, A court of Thorns and Roses est un excellent premier tome qui donne terriblement envie de lire la suite, surtout vu les derniers rebondissements. Le tome deux est déjà sorti et le tome trois arrive cette année. Je sais quelles vont être mes prochaines lectures. Et vous?

vendredi 17 février 2017

Pleasure for pleasure - Essex Sisters #4 - Eloisa James


B+

Présentation de l'éditeur: Benjamine des sœurs Essex, Joséphine est la seule à être encore célibataire. Et pour cause ! Celle que les mauvaises langues surnomment « la truie écossaise » en raison de ses formes est persuadée qu’aucun homme ne voudra d’elle. Elle a beau se sangler dans un corset, jamais elle n’aura une silhouette de sylphide, comme Mlle de la Broderie, la ravissante fiancée du comte de Mayne. Lors d’un bal, bouleversée par les insultes d’un goujat, Joséphine se confie au comte. Attendri, il décide de lui apprendre, en toute amitié, l’art de séduire un homme. Et très rapidement, l’élève remporte un franc succès… et le professeur, rongé de jalousie, ne sait plus à quel saint se vouer.

Encore une fois c'est à cause de mon dealer de romances d'occasion favori que tout a commencé.
*Oh oh, elle va encore nous raconter sa vie*
*Tais-toi Cheshire et écoute!*
J'étais en vacances cet été chez mes parents et bien que j'avais pris Arthur avec moi - ma liseuse - je fouinais à la recherche de romances car on ne sait jamais quand on risque de tomber à court, ça file si vite ces petites choses. Au milieu des diverses couvertures rouges plus ou moins usées par de nombreuses lectrices avant moi, j'ai repéré Pleasure for Pleasure. Bien qu'il fut le quatrième opus d'une série, j'ai tout de suite été attirée par le résumé et par le nom d'Eloisa James et j'ai décidé de le lire malgré tout, en prenant le train en marche et je ne l'ai pas regretté! 

"Scottish sausage". C'est comme ça qu'un jeune homme a décidé de qualifier Josephine lors d'un bal, histoire d'être drôle, parce que c'est vrai que le body-shaming est toujours spirituel nous le savons tous. Josephine contrairement à ses sœurs n'est pas une liane. Elle est vraiment ronde, elle n'a pas simplement un peu de poitrine, elle est tout en rondeur que ce soit ses hanches ou ses cuisses, elle n'est pas dans les critères de beauté et elle en souffre. Cette souffrance par rapport à son physique est au centre de l'intrigue car Josephine pense qu'elle ne méritera jamais un homme et encore moins un homme comme le comte de Mayne. 
Josephine me fait beaucoup penser à Calpurnia de Nine rules to break when romancing a rake de Sarah MacLean et c'est peut-être aussi pour ça que je l'ai beaucoup aimé. Comme Calpurnia, elle est dotée de sœurs beaucoup plus belles et surtout plus en adéquations avec les goûts en vogue à l'époque. Malgré tout elle reste plus spontanée que Calpurnia, elle est encore jeune et c'est une Essex, c'est à dire qu'elle a un grain de folie particulièrement prononcé. 

J'aime beaucoup ce type d'héroïne et j'aimerai en voir plus. Pas des simplement un peu volumineuses au niveau du buste mais vraiment rondes car malgré les progrès de ces dernières années notamment des campagnes de sensibilisations au body-shaming et sur les dommages que peuvent faire les média en exposant constamment des femmes au corps calibrés, parfaits et/ou retouchés, l'environnement actuel n'est pas fondamentalement sain pour toutes celles et ceux qui sortent du cadre. Ça vaut aussi pour les filles très minces, il ne faudrait pas croire que ça ne concerne que celles qui dépassent un 36/38, tout le monde peut-être concerné par le body-shaming et l'impression de ne pas rentrer dans le moule de ce qu'on attend de nous en matière esthétique. 
Je vous dis tout ça car les héroïnes comme Josephine font vibrer une corde sensible en moi. Comme dit la chanson:

Et ça m'arrive très -trop- souvent de ne pas pouvoir m'habiller dans des boutiques lambda, d'entrer dans un magasin et de m'apercevoir qu'ils ne font tout simplement pas ma taille ou que leur taille maximum n'est pas adaptée à mes rondeurs parce que chaque rondeur est différente. Je n'ai pas la chance d'être en sablier et donc même la mode dite rétro qui est censée mettre les filles comme moi en valeur ne fonctionne pas. Souvent les robes sont magnifiques mais elles ne font qu'exacerber mes courbes au mauvais endroit et pourtant, Dieu sait que j'aime ce genre de robes! Sans être size 2, je ne fais même pas vraie "grande taille", donc je n'ose imaginer ce que doivent vivre les gens qui ne peuvent s'habiller que dans des magasins spécifiques. Sans compter les remarques désobligeantes que j'ai déjà dû essuyer par des vendeurs et des vendeuses indélicat-e-s ou de gens, amis ou non qui ne se rendent pas compte de l'impact que peuvent avoir certaines phrases, remarques ou même regards appuyés sur ton assiette, sur toi. 
Je comprends donc très bien l'impact de cette insulte "Scottish sausage" sur Josephine et je comprends très bien qu'elle imagine qu'un homme comme Mayne soit hors de portée et c'est donc avec d'autant plus de joie que j'ai lu leur histoire comme une petite revanche personnelle. 

Je n'avais pas lu les trois précédents volumes mais j'ai fini par comprendre que les trois premières sœurs avaient essayé de séduire Mayne et avaient finalement échoué dans leurs entreprises. C'est plutôt drôle donc que ce soit la dernière des sœurs qui réussisse à avoir Mayne! Le début est vraiment très bien avec cette petite revanche que prend Josephine sous le tutelage du comte et leurs échanges sont très drôles dans la plus pure tradition d'Eloisa James. Comme très très très souvent, l'écriture d'Eloisa James fait tout le sel de ses romans. C'est à la fois très drôle, witty et sexy sans jamais dépasser les limites du bon goût. Josephine en bonne soeur Essex est un merveilleux personnage et j'admets que Mayne est assez sexy dans son genre.

Malheureusement, Mayne est fiancé à la parfaitement parfaite Sylvie...de la Broderie!
Mademoiselle de la Broderie....DE LA BRODERIE! For God sake Eloisa! You did it again!



On avait déjà eu Lady Bernaise dans When beauty tamed the beast et là on a Mademoiselle de la Broderie...Sérieusement? Très chère Eloisa, Dieu sait que je t'adore mais je ne peux pas te pardonner ce genre d'écart. Tu as vécu en France et tu as une fanbase française très importante alors par pitié! La prochaine fois que tu veux donner un nom français à un de tes personnages, on est volontaire pour t'aider à le trouver! Crois-moi.

Malgré son nom complètement ridicule, Sylvie est un excellent personnage. Je n'aime pas le trope de "l'autre femme". En général je trouve que cette autre femme est juste un personnage méchant mis sur le chemin des héros sans autre profondeur qu'être juste méchante, jalouse, attirée par l'argent (rayez la mention inutile). Ici, Sylvie n'est jamais méchante avec Josephine, au contraire, elle ne voit pas d'inconvénient à ce que son fiancé passe du temps avec la jeune sœur Essex. En revanche, par son allure, son physique et son comportement, elle a une hauteur qui fait que Josephine ne peut manquer de se comparer à elle, ce qui en fait un obstacle naturel, sans compter qu'elle est fiancée à Mayne. J'avais peur de la résolution de ce trio amoureux un peu spécial, qu'il soit bancal ou non crédible. Après tout, Sylvie est parfaite, belle et se conduit de la meilleure manière possible en société. Que demander de plus pour Mayne? Il faut dire qu'il se croit vraiment épris de la demoiselle.

Pour voir le spoiler, surlignez le passage.

En fait, tout au long du roman il est clair que Sylvie n'est pas amoureuse de Mayne. Il correspond en tout point à l'idée du mari idéal, il est grand, beau, riche et complètement amoureux d'elle mais Sylvie le considère simplement comme un élément naturel dans sa vie, sans se questionner d'avantage. Elle trouve que les hommes sont comme des enfants qu'il faut éduquer et elle déteste que Mayne la touche. Ce ne fut pas une surprise de constater que Sylvie, finalement, décide de rompre ses fiançailles pour partir...avec une femme! Ça me semblait évident qu'elle était lesbienne et cette résolution est super car ça ne fait pas de Sylvie un obstacle misogyne, une rivale plus mince et plus belle. Comme en réalité elle ne joue pas sur le même terrain, la comparaison n'a aucune utilité. J'ai beaucoup aimé que finalement, Sylvie n'était pas la parfaite jeune femme que la société pensait qu'elle était et ça la rapproche d'avantage de Josephine que prévu.

Pleasure for pleasure est super, bien rythmé, les dialogues sont witty, les deux protagonistes très sexy et c'est vraiment super de voir les autres soeurs après leurs propres histoires. J'aime beaucoup ce genre d'atmosphère où les romans sont vraiment liés les uns avec les autres.

Alors pourquoi B+ me direz-vous? Pourquoi pas un A, si j'ai tant aimé l'héroïne et le reste? A cause de Mayne en fait. Il ne manque pas grand chose pour en faire un A mais après trois autres romans où il a été séduit par les autres sœurs Essex, j'aurai pensé que la révélation de tomber amoureux de Josephine soit plus explosive mais le tout manque un peu de peps. On a un peu l'impression que ça lui arrive sans qu'il s'en rende compte vraiment, sans qu'il y réfléchisse plus et lorsque que l'intrigue autour de la fiancée de Mayne se résout, il se tourne naturellement vers Josie. En fait, Pleasure for pleasure manque de conflit intérieur de la part du héros, il se laisse un peu trop vivre. Une de perdue, une de retrouvée.
En vrai c'est un petit détail parce que globalement le personnage de Mayne fonctionne bien et c'est agréable de le voir regarder Josie et de ne pas voir que des cuisses rondes ou un petit ventre mais juste une jolie jeune fille pleine de vie et de spontanéité.
C'est une jolie revanche pour la Scottish sausage d'avoir attrapé dans ses filets le superbe comte de Mayne au nez et à la barde de toutes les belles jeunes filles du ton et surtout de ses sœurs!

Pour conclure, je dirais que Pleasure for pleasure est une super romance qui vaut le coup d'être lue, qu'elle a su faire vibrer une corde sensible chez moi et que j'ai très envie de lire les autres volumes de la série.
Rappelez-vous, qui que vous soyez:

lundi 13 février 2017

Rivers of London - Rivers of London #1 - Ben Aaronovitch


A

Présentation de l'éditeurL'agent Peter Grant ne croyait pas aux fantômes, jusqu'au jour où un étrange personnage lui affirme avoir assisté au meurtre sur lequel il enquête. Un témoin providentiel... s'il n'était mort depuis plus d'un siècle ! Et Peter n'est pas au bout de ses surprises : recruté par l'inspecteur Nightingale, il intègre l'unité de la police londonienne chargée des affaires surnaturelles. Au programme, traquer vampires, sorcières et autres créatures de la nuit ; maintenir la paix entre les forces occultes de Londres ; tenir à distance les divinités trop entreprenantes ; et bien sûr apprendre le latin, le grec ancien et une montagne d'incantations bizarres et pour le moins rébarbatives. Peter doit en passer par là, s'il veut un jour devenir à son tour le dernier sorcier de Londres...

Sans mentir on peut facilement en arriver à la conclusion que la série Les rivières de Londres est l'une des meilleures séries d'Urban fantasy de ces dernières années. Ancrée dans un univers urbain fort, Londres et son centre-ville animé, elle bénéficie de la plume sagace de Ben Aaronovitch et d'un héros tout à fait attachant par sa banalité.

Peter Grant est un héros reposant. Souvent dans les romans d'Urban fantasy (ou dans les univers d'Urban fantasy tout court d'ailleurs), le héros a tendance à être particulièrement doué dans quelque chose. Charley Davidson est la Faucheuse, Buffy maîtrise tous les arts martiaux à la perfection etc. Peter Grant à l'inverse n'est pas le plus doué des policiers, pas le plus doué en combat rapproché ou en tir et sans être idiot ce n'est pas non plus l'esprit le plus brillant qui soit. Pourtant, c'est bien lui et non sa collègue - elle excellente flic - qui voit un fantôme au petit matin. Je trouve l'idée plutôt bonne car ce héros moyen - sans aucun sens péjoratif - est sans doute plus proche du lecteur que dans beaucoup d'autre roman du genre. Peter est aussi très drôle et n'hésite pas à se moquer de lui-même. C'est un héros bon enfant en somme et il est tout à fait aisé de se déplacer dans Rivers of London dans ses chaussures.
Il offre par ailleurs, un excellent contrepoint aux deux autres protagonistes majeurs du roman: Thomas Nightingale et Lesley May. Lesley May c'est le modèle de la super-flic. Non seulement elle est foncièrement douée pour son job mais en plus elle est consciencieuse et intelligente. C'est elle qui souffle ce qu'il faut faire à Peter, lui donne des conseils et l'aide dans son enquête. 
Thomas Nightingale quant à lui est le magicien idéal. Élégant, racé, intelligent et doué, il s'avère être un maître intéressant pour Peter. Si ce dernier est résolument XXIe siècle, son maître quant à lui à tout du dandy XIXe. La demeure même dans laquelle il vit, The Folly, est une vieille demeure comme on en voit plus. De nombreuses pièces, un cachet ancien indéniable, elle respire la magie et l'ancien et recèle sans doute comme Thomas Nightingale de nombreux secrets. 

Autre point fort de ce premier tome, les descriptions de Londres. Rarement roman fut plus urbain que celui-là. Si vous avez la chance de connaitre Londres et son centre-ville, vous verrez à quel point il est facile de se repérer dans le roman. J'ai réellement adoré me promener à travers la capitale anglaise avec Peter et sauf lorsqu'il s'éloigne dans des quartiers plus résidentiels, j'avais l'impression d'y être.
C'est une grande force car toute l'intrigue et tout le fond du roman est centré sur Londres et les différentes divinités qui l'habitent. On pourrait même dire que Londres est un personnage à part entière et pas simplement un décor. C'est d'ailleurs assez drôle de voir Peter Grant découvrir cet univers qu'il ne connaissait pas alors même qu'il est un londonien pur jus. La Tamise est notamment au centre des préoccupations de Nightingale et Grant et les divinités qui l'habitent sont hautes en couleur! 

Ce premier tome est non seulement le début d'un arc narratif qui s'étend sur plusieurs romans mais c'est aussi un excellent tome d'introduction à un univers riche et complexe que l'on découvre au fur et à mesure. Ce n'est jamais évident à faire, parvenir à donner suffisamment d'informations pour donner envie au lecteur de poursuivre la lecture sans jamais le saturer mais Ben Aaronovitch y parvient très bien. 

La très forte inspiration du folklore anglais dans ce premier tome donne de la force à ce début de série réellement ancrée dans le Londres contemporain. 
Un peu de magie mais pas trop, du folklore, un héros attachant et drôle et un maître intriguant, Rivers of London est une excellente série d'Urban fantasy qui vaut le coup de découvrir. 
Pour ma part j'ai presque fini le deuxième tome, on s'en reparle très vite. En attendant, n'hésitez pas à me dire si vous connaissez cette série et si vous l'avez lue.

Bonne lecture.

lundi 6 février 2017

The elusive wife - Marriage mart mayhem #1 - Callie Hutton


C+


Présentation de l'éditeur: Angleterre, 1812
Jason Cavendish, comte de Coventry, essaie discrètement de retrouver sa femme, qu'il a abandonnée dans son manoir à la campagne ; ce qu'il veut, c'est faire annuler cette union. Cependant, il ne se rappelle plus du tout à quoi ressemble la comtesse de Coventry puisqu'il était ivre mort lors de son mariage arrangé et qu'il ne l'a pas
revue depuis...
En revanche, la fascinante Lady Olivia a capturé toute son attention. Arrivée pour passer la saison à Londres, elle est consternée de découvrir… que son époux, Lord Coventry, ne la reconnaît pas. Loin d'elle l'idée d'avouer à ce sombre arrogant qu'elle est sa femme ! Elle décide plutôt de flirter avec lui le soir et de lui faire envoyer des montagnes de factures de couturière le jour…

Peut-être ne le savez vous pas, mais la maison d'édition Charleston qui s'est spécialisée dans la littérature féminine, a décidé de lancer cette année sa collection Diva Romance orientée comme son nom l'indique plus vers la romance pure que vers le roman féminin en général. C'est grâce à eux que j'ai découvert Callie Hutton et sa série des Marriage mart mayhem ou des Infortunes conjugales en français. 

Le premier tome de cette série nous raconte l'histoire de Jason et Olivia et l'accroche avait tout pour me plaire. Je trouvais l'idée du mariage de convenance où le mari ne se souvient plus DU TOUT de la tête de sa femme parce qu'il était complètement beurré pendant la célébration plutôt drôle et j'avais hâte de lire les qui pro quo et autres situations rigolotes qui allaient pouvoir suivre. 

C'est vrai qu'à la place de Lady Olivia j'aurai été plutôt vexée du comportement de porc - si si je vous jure - de Jason. Il faut dire que le pauvre homme l'épouse pour toucher son héritage sinon papa a prévu une clause pour qu'il soit déshérité.
*comme si le mariage ramenait les héritiers récalcitrants à la raison, ça se saurait*. Obligé d'aller épouser la femme que son défunt père lui a choisi, Jason se présente dans les temps à son mariage dans la demeure familiale mais sans avoir oublié de s'être méthodiquement torché avant. 
J'ai beaucoup ri au démarrage de cette romance, c'était tellement bien trouvé et surtout écrit aux petits oignons ce qui a impliqué beaucoup de gloussement de ma part. Evidemment, Jason ne manque pas de s’effondrer sur le premier canapé qui s'est présenté sitôt la cérémonie terminée pour cuver son vin. Le petit matin venu, il décide de rejoindre Londres et de ne plus s'occuper de cette histoire de femme, après tout, maintenant elle a une grande maison à gérer, de quoi se plaint-elle?
C'est sans compter sur Olivia qui n'a pas vraiment envie de moisir à la campagne. Elle décide donc d'accompagner des amis à Londres et puisqu'elle est maintenant la comtesse de Coventry, elle peut bien se permettre une petite vie sociale. 

La pression monte d'un cran et entraîne d'incontrôlables gloussements supplémentaires lorsque la "première" rencontre a enfin lieu et qu'Olivia comprend que Jason ne la reconnait absolument pas! S'en suit des scènes délicieuses où Jason tombe amoureux de cette magnifique jeune femme tout en se maudissant pour avoir épousé la femme qu'il a laissé dans la demeure familiale tandis qu'Olivia s'amuse à lui envoyer toutes les factures de ses robes et bijoux en punition. 

Malgré tout, ce petit jeu devait bien prendre fin à un moment et c'est lorsque le qui pro quo est levé que les choses se sont gâtées. Si jusque là le récit était parfaitement calibré, witty et précis, donnant juste assez pour nous donner envie de lire et levant le suspense entre les protagonistes au moment voulu, le reste du roman est plutôt décevant. 
C'était une bonne idée de ne pas faire durer trop longtemps le qui pro quo puisqu'un fois que Jason s'est rendu compte que la femme qu'il avait épousé était en fait celle qu'il aimait, il lui fallait faire amende honorable et la reconquérir. Malheureusement on assiste à partir de là à un de mes pet peeves en romance à savoir le jeu du chat et de la souris qui dure, qui dure, qui dure. 
Olivia, vexée comme une grosse dinde, malgré l'attirance qu'elle éprouve pour son mari, va s'entêter en mode "je vais divorcer, partir en Italie et vivre de peinture et d'eau fraîche" alors que Jason passe des pages et des pages à s'excuser et à s'aplatir comme une limande à ses pieds. Ce n'est tant pas son refus qui me gêne que le simple fait de faire durer les choses sans humour aucun. Les personnages ne se tease pas, ils sont littéralement bloqués. D'un côté lui dit "vous êtes ma femme, nous restons mariés" et elle "je veux divorcer et vivre en Italie" pendant des chapitres entiers! On perd tout l’entrain du début du roman pour s'enliser complètement. J'aurai largement préféré qu'Olivia continu à le faire tourner en bourrique pour lui faire payer son comportement. Cela aurait été plus drôle et Callie Hutton aurait pu continuer à faire évoluer leur relation de façon amusante et ludique pour le lecteur/trice.  

J'ai vraiment eu l'impression que passé l'originalité du propos de départ, l'autrice ne savait plus comment se dépêtrer de la situation qu'elle a créé et ni renouveler des rebondissements qui auraient pu être tout à fait réussis et drôles mais qui là s'embourbent et cassent tout le rythme. A partir d'un moment, je ne me sentais plus concernée par les personnages et ils pouvaient bien divorcer je m'en moquais un peu.

The elusive wife est d'autant plus une déception qu'il partait vraiment bien et que le propos d'origine avait tout pour me séduire et me faire passer un excellent moment. Ça ne m'a pas empêchée de lire la suite cela dit parce malgré tout, Callie Hutton a eu de super idées et qu'elle a su me faire glousser dans le métro! Et ça de bon matin c'est déjà une petite victoire. 

vendredi 3 février 2017

Altered carbon - Takeshi Kovacs #1 - Richard Morgan


Takeshi Kovacs ou la vie dans le formol des circuits électriques

A-

Présentation de l'éditeur: Dans un avenir pas si lointain, la mort n’est plus définitive : vous pouvez sauvegarder votre conscience et vos souvenirs et les réimplanter dans un nouveau corps. De fait, pour Takeshi Kovacs, mourir n’est plus qu’un accident de parcours : il a déjà été tué plusieurs fois. C’étaient les risques du métier dans les Corps diplomatiques, les troupes d’élite du Protectorat des Nations unies expédiées à travers la galaxie. Mais cette fois, on le ramène sur Terre pour mener l’enquête : un riche magnat veut élucider sa propre mort. La police a conclu au suicide. Or, pourquoi se suicider quand on sauvegarde son esprit tous les jours, certain de revenir parmi les vivants ? 

Si vous êtes fan des univers de SF, si vous n'avez pas peur de lire quelque chose d'un peu musclé et disons-le bourrin, vous devez lire Altered carbon de Richard Morgan et découvrir l'agent des corps diplomatiques Takeshi Kovacs!

Plus encore que dans n'importe quel genre, c'est bien en SF et en Fantasy que l'univers dans lequel se place le roman a le plus d'importance. Même si l'intrigue est bonne, elle sera nécessairement desservie par un environnement fade ou inexistant. Nul besoin de faire preuve d'une originalité folle avec des systèmes politiques et/ou hiérarchiques jamais encore lus, si l'univers est réfléchi et bien conçu sa vraisemblance coulera de source. C'est un exercice particulièrement délicat à accomplir. De plus, sans exposer bêtement un système de vie et de croyances, il convient de l'introduire à bon escient afin que le lecteur se sente à l'aise dans l'univers créé sans avoir l'impression d'assister à un brief de mission de l'armée américaine. 

J'ai peut-être l'air d'enfoncer des portes ouvertes mais croyez-moi c'est beaucoup plus difficile à faire qu'il n'y paraît. Pour illustrer le propos allez zyeuter (si ce n'est pas déjà fait) les mondes de George Martin et Robin Hobbs pour les anglo-saxons et ceux de Pierre Pevel, Jean-Philippe Jaworski ou encore Alain Damasio pour les grenouilles histoire de voir comment on fait. Tout ça pour dire que la construction d'un univers dense et cohérent est ce que je juge en premier dans un roman de SF et Richard Morgan s'en tire carrément bien. 

Chez Takeshi Kovacs, originaire d'un autre système solaire que le nôtre colonisé par des japonais qui ont fait venir de la main d’œuvre slave bon marché, d'où la consonance de son nom, l'idée même de la Terre est plutôt lointaine. C'est même encore plus lointain lorsque l'on fait parti des Corps Diplomatiques, unité d'élite surentraînée qui sert de mercenaires pour les conflits de la galaxie. A vrai dire c'est même encore plus lointain lorsqu'on a décidé d'obéir à ses propres lois et qu'on se retrouve stocké en taule pour 120 ans...

Il faudra bien vite se débarrasser de l'idée que le corps que vous habitez est vous puisque dans l'univers de Altered Carbon, seul votre esprit et votre mémoire comptent, stockés dans une pile implantée dans le haut de la colonne vertébrale, et c'est un point extrêmement dérangeant. Cette idée que votre esprit est stocké à votre mort (ou pendant une détention) en attendant que votre famille puisse réunir les fonds pour vous faire ré-envelopper (ou que vous ayez effectué votre peine de prison) est quand même terriblement atroce quand on y pense. Au-delà de l'idée plutôt cool que la mort et surtout la maladie n'est plus un soucis, on se rend vite compte que beaucoup de gens n'ont pas les moyens de faire ré-envelopper leurs morts, que les centres de stockage sont remplis de millions d'esprit de gens et que surtout les ré-enveloppement sont possibles grâce à des corps différents du votre (synthétique ou carrément celui d'une autre personne, genre un détenu...) si vous n'avez pas les moyens de vous faire cloner de votre vivant.
Dans nos sociétés de l'hyper-apparence, Altered carbon a de quoi vous foutre le vertige! 

Rajoutez à ça qu'entre les Maths - pour Mathusalem- ces êtres rendus virtuellement immortels grâce au clonage et aux multiples stockages de leur esprit et de l'autre côté les Catholiques qui refusent - sous serment certifiés - d'être stockés ou ré-enveloppés car leur âme ne peut être conservé dans une pile, ce qui fait d'eux les cibles parfaites pour tout type de trafics, on se retrouve avec le tournis des infinies possibilités de cette nouvelle société. 

Et nous n'avons pas encore abordé le sujet de cette femme qui secrète par ses muqueuses - toutes ses muqueuses - une drogue qui fait planer quand elle est excitée.... 
 

Heureusement au milieu de tout cet environnement qui pourrait être vite indigeste, Takeshi est un personnage solide sur ses jambes, qui bien qu'assez cynique sur ce qui l'entoure fait figure d'ancre bienvenue. Repère solide et décomplexé il nous aide à naviguer dans les eaux tumultueuses de cette Terre étrange et c'est avec lui que l'on découvre les prémices de son enquête. Le personnage malgré son cynisme est rapidement attachant et on veut comprendre pourquoi on l'a plongé lui dans un sacré merdier. Vous vous en doutez, l'affaire ne va pas être de tout repos et pas mal de monde veut lui faire la peau.

Ce roman est vraiment passionnant car outre son univers complexe, l'intrigue policière elle-même vous prend dans ses filets et on le dévore à vitesse grand V.

en VF chez Bragelonne et Milady
En revanche, le roman est assez bourrin et violent, si jamais vous n'aimez pas trop les scènes de bastons ou de torture, puisqu'il faut parler franchement, passez votre chemin. L'univers dans lequel navigue Takeshi est un univers largement en guerre ou tout du moins en guerre déguisée par de grosses multinationales et une pègre bien organisée.

De la même façon, cette idée de pile qui sauvegarde nos souvenirs et notre personnalité est un concept assez brutal qui, je ne vous le cache pas, m'a mise quand même un peu mal à l'aise. On ne pourra cependant pas reprocher au roman de fournir matière à réflexion. Ce fut un réel plaisir de lire un roman qui non seulement m'a divertie mais qui m'a aussi interpellée sur notre société, notre rapport au corps et à l'identité en général.
Altered carbon ferait une bonne base de questionnement sur ce genre de sujet mais je ne peux malheureusement pas vous parler de tout aujourd'hui sans vous spoiler salement l'intrigue. Sachez dans tous les cas que les idées de Richard Morgan ont suffisamment de mordant pour que vous vous preniez au jeu sans vous en rendre compte.

Ce premier tome de la trilogie Takeshi Kovacs vaut sacrément le coup et je vous le recommande chaudement. Quant à moi, je n'aimerai pas vraiment vivre dans cette univers là mais j'irai lire les suivants sans aucun doute.

Bonne lecture!

lundi 30 janvier 2017

Prisoner of my desires - Johanna Lindsey


Aujourd'hui je vous parle de ma première tentative de découvrir Johanna Lindsey avec ma lecture de Prisoner of my desires, publié en français chez J'ai lu, sous le titre Captifs du désir. 

TRIGGER WARNING: Violences sexuelles

Il n'est rien de plus frustrant que de ne pas avoir le roman promis par la quatrième de couverture. Je suis certaine que cela vous est déjà arrivé d'être emballé(e) par le résumé d'un roman et de lire finalement tout à fait autre chose. J'avais eu cette désagréable surprise avec La carte du temps de Felix Palma où l'on promettait une histoire alléchante de voyage dans le temps, de modifications de l'Histoire avec des grands noms de la littérature du XIXe siècle qui étaient là pour appâter le chaland mais où le roman final ne correspondait pas du tout au résumé.  
Cela ne veut pas dire que le livre qu'on a entre les mains est mauvais, il peut tout à fait être excellent, c'est simplement le travail d'édition qui n'est pas convenablement fait et induit en erreur. On ne parle même pas des quatrième de couverture qui dévoilent carrément le nœud de l'intrigue, ce qui est aussi particulièrement frustrant.
Bref, j'étais consciente de cette problématique, que parfois les résumés ne correspondent pas à l'intrigue livrée et qu'il y avoir une déception. Cependant...j'étais loin d'imaginer que parfois la frustration peut venir du fait que le résumé correspond exactement à ce qu'on va lire...au premier degré.

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Violé ! Jamais Warrick de Chaville, seigneur de Fulkhurst, le redoutable Dragon noir, aurait pensé subir une telle humiliation ! Capturé dans une embuscade, il s'est pourtant bel et bien réveillé enchaîné sur un lit, obligé d'endurer les assauts charnels d'une beauté blonde inconnue. Rowena, si jeune et si innocente, n'a bien sûr pas ourdi elle-même ce traquenard diabolique ! Obéissant, sous la contrainte, au cruel Gilbert d'Ambray, qui la menace de tuer sa mère, elle doit coûte que coûte enfanter un héritier. Mais Warrick, qui ignore tout de ce chantage, n'a désormais qu'une obsession : se venger de Rowena. Lui faire payer au centuple ses exquises tortures. Sans se douter que son désir de vengeance connaîtra la vengeance du désir.

Pour que tout soit bien clair avant que vous ne vous aventuriez plus avant dans cette chronique, je veux mettre en évidence quelques points. Tout d'abord même si je n'aime pas les bodice rippers (quand je dis je n'aime pas, je veux surtout dire que c'est mon pet peeve number one EVER), je reconnais non seulement leur importance dans l'histoire de la romance*, nous ne sommes pas passés de Jane Austen à Courtney Milan sans intermédiaire, sans tentative réussie ou échouée, mais je suis aussi tout à fait consciente que ce dégoût que j'éprouve pour ce type particulier d'histoires m'est propre. Si j'en ai lu et parfois aimé adolescente, ma découverte et mon implication dans le féminisme à l'âge adulte ainsi que mon histoire personnelle qui fait que je suis particulièrement sensible à la question des violences envers les femmes et la gynophobie en général, font que je ne peux dorénavant apprécier ce type d'intrigue. Cela étant dit, si c'est votre came, si jamais ces vieilles romances ont une place particulière à vos yeux et que vous aimez en lire ou en relire, ça me va. Chacun doit être capable de savoir ce qui est bon ou tolérable pour lui/elle-même et ce n'est pas à moi de juger. Ma chronique va surtout être le récit personnel de ma réaction à cette lecture et je souhaite que personne ne se vexe. Plus le panel de réactions à un produit culturel (que ce soit un film, un livre, un jeu vidéo) est large, mieux c'est. La diversité nous sauvera!  

J'avoue, quand je suis tombée sur Prisoner of my desires chez mon dealer habituel, j'ai été intriguée par le résumé...pire, j'ai gloussé...comme ça en plein dans la rue, le livre à la main et mon dealer à trois pas.
Je sais, je sais que j'ai dit dans le paragraphe d'avant que je déteste les bodice rippers mais dans mon cerveau ça a fait *Fatal error system* et j'ai eu envie d'en savoir plus. Après tout, je ne voulais pas mourir idiote et on peut toujours avoir une bonne surprise non? Je n'ai pas de bonnes explications à ce geste hormis une grande naïveté qui fait que j'ai cru que Prisoner of my desires allait être un Eloisa James ou un Julia Quinn plein d'humour et que le résumé était en fait exagéré pour attirer la lectrice que je suis.
*Je t'aime Persie chérie tu le sais mais parfois tu es une gentille gourde*
Merci Cheshire...même si tu as raison j'ai horreur de l'admettre.

Alors non, Prisoner of my desires n'a rien d'une romance au second degré à la Bridgerton, le résumé est réellement premier degré. Nous commençons le récit avec cette gentille belle et douce Rowena qui se retrouve sous la garde de son archétypal cruel beau-frère Gilbert d'Ambray qui pour une question de gros sous a besoin que Rowena enfante un héritier, genre là maintenant tout de suite...
* Est-ce que quelqu'un lui a dit que ça prenait neuf mois cette histoire?*
Parce que cette romance commence très bien, le Gilbert en question pense pendant quelques minutes à remplir la besogne lui même...


Charming...mais finalement il se dit que lui où les hommes de sa garde ça ne fera pas l'affaire, il ne faudrait pas qu'on puisse soupçonner une magouille...tu penses!
Quand il apprend que Warrick de Chaville, un seigneur puissant doublé d'un guerrier hors pair, a été capturé et se trouve sous garde, il se dit qu'il tient enfin son plan et ordonne donc sous la menace à Rowena, d'aller violer Warrick dans sa cellule afin de tomber enceinte....ah j'oubliais, Rowena est vierge.


Mais quel plan à la con! Sérieusement? C'est tout ce que tu as trouvé? Énorme facepalm parce que je rappelle à toute fin utile que nous sommes dans une romance et que cette idée de viol ça me semble mal commencer une grande Histoire d'Amour avec majuscules.

A ce stade j'avais encore un peu d'espoir que la suite n'allait pas être aussi horrible que ce que j’appréhendais...malheureusement ce ne fut pas le cas. Je vous passe les descriptions des actes commis mais je crois que j'ai rarement été plus mal en lisant un roman. Non seulement la situation de Rowena est horrible, sa mère est menacée de mort, elle est violée puisque je rappelle qu'on lui ordonne de pratiquer une relation sexuelle qu'elle ne veut pas et sous la contrainte, que c'est sa première fois, traumatisme ++ et qu'en plus la pauvre héroïne porte le poids de la culpabilité puisqu'elle fait du mal au héros. Oui le héros, il ne faudrait pas imaginer une seconde qu'il y prenne du plaisir lui! Contrairement à ce que dit la quatrième de couverture, il n'endure [pas] les assauts charnels d'une beauté blonde inconnue, il est violé! Non seulement cette idée le répugne et l'humilie mais en plus lorsqu'il comprend que le but de la manœuvre est d'obtenir un enfant, il se sent doublement violé parce qu'on le prive de son droit à ne pas vouloir d'enfant, en tout cas avec cette femme qu'il ne connait pas, mais en plus on risque de le priver de cet enfant en question.

Je suis assez insensible en général, je peux lire des horreurs sans bouger une oreille, vous n'avez qu'à demander à Jabberwocky, nous avons vu le premier Millenium (version suédoise) au cinéma et quand je suis sortie j'avais faim. Si besoin est, adressez-vous aussi à Chi-Chi. Je ne suis pas fragile en lecture mais là j'ai vraiment eu la nausée en lisant car je le répète, Prisoner of my desires est une romance, pas un roman policier sordide. La souffrance des personnages se sentait à fleur de pages et je ne peux pas du tout concevoir que de cette horreur puisse sortir une histoire d'amour crédible. Même si éventuellement à la fin, Warrick comprend que Rowena est une victime elle-aussi, dans l'optique où il ne se venge pas d'elle avant, comment peuvent-ils tomber amoureux?
Mal à l'aise à mort j'ai littéralement jeté le livre à travers la pièce et c'est la première fois de ma vie que je fais quelque chose d'aussi violent à un roman.

Alors j'admets, je n'ai pas lu la suite. Peut-être que Johanna Lindsey s'en sort bien et qu'elle fini par rendre l'histoire d'amour crédible mais je ne pouvais pas m'imaginer en lire d'avantage. Plus encore, je me suis demandée si cette histoire de double viols était vraiment nécessaire pour donner corps au récit et produire une bonne histoire de vengeance et de qui pro quo. Je ne suis pas experte en plan machiavélique mais juste là comme ça j'ai au moins une idée qui me vient et qui pourrait faire démarrer cette intrigue sous de meilleures auspices. Puisque Rowena est magnifique si l'on en croit les descriptions que l'on peut lire au début du roman, il n'est pas idiot de penser que Warrick puisse tomber amoureux d'elle ou au moins ait envie de coucher avec non? Dans ce cas, pourquoi ne pas la faire passer pour une prisonnière et la mettre dans la même cellule que notre héros comme deux poissons dans un bocal histoire de voir si la mayonnaise prend? Après tout, on aurait pu assister à un jeu entre les deux personnages et pourquoi pas une histoire d'amour et/ou de désir qui prend. Gilbert n'aurait plus eu qu'à retirer Rowena de la prison une fois son plan mis à exécution et ensuite Warrick aurait pu croire qu'il avait été joué par Rowena ce qui aurait induit la vengeance, le qui pro quo et l'histoire d'amour finale. Là j'y aurai cru, volontiers, malgré les défauts de plan éventuels, je suis prête à fermer les yeux sur pas mal de choses si l'alchimie entre les héros est bonne mais là non...un début si violent m'a définitivement dégoûtée.

En fait, plus encore, je ne comprends pas ce besoin de violence et c'est pour ça que même en connaissant l'origine des bodice rippers, du contexte dans lequel ils ont été écrits, je n'arrive pas à passer outre.

Dans tous les cas on ne m'y reprendra plus. Je ferai plus attention à l'avenir et peut-être me priverai-je de quelques classiques de la romance mais si ça peut m'éviter des palpitations cardiaques et des crises de nerfs, je crois que j'y gagne!

Est-ce que cette mésaventure vous est déjà arrivée? Et si vous aimez les bodice rippers, pourquoi? Je serai intéressée d'en discuter!

En tout cas, bonne semaine à toutes et tous. 

* J'espère pouvoir en faire un article bientôt.